Le Panorama 2016 de la sécurité des pharmaciens d'officine publié par l'Ordre le 16 mai dernier met en lumière une baisse importante du nombre de déclarations d'agressions liées à des stupéfiants : ces derniers motivaient 18 % des déclarations d'agressions en 2015 contre 8 % en 2016. « Dans ces 8 %, on a du vol de stupéfiants lors de cambriolages mais aussi du vol au comptoir. Il arrive que le client se présente avec une ordonnance, que le pharmacien ne voit pas qu'elle est périmée, et c'est lorsqu'il revient du coffre avec les produits que le patient s'en empare », indique Alain Marcillac, référent national sécurité de l'Ordre des pharmaciens. Cette baisse est à mettre, selon lui, sur le compte du changement de profil des agresseurs : « Ce n'est plus le patient accro qui avait besoin de ses stup' qui est désormais à l'origine d'incivilités, car ce type de personnes est aujourd'hui mieux pris en charge. On assiste plutôt à l'émergence d'une petite délinquance qui veut tout obtenir tout de suite et n'hésite pas à frapper. »
Rien ne les dissuade
Ce nouveau profil d'agresseurs expliquerait ainsi l'augmentation depuis 2015 des déclarations d'agressions pour vol à main armée (passées de 14 à 19 %) et d'agressions physiques (de 9 à 16 %). Ni la surveillance vidéo ou télé (7 pharmacies déclarantes sur 10 en étaient équipées), ni la présence de patients dans l'officine lors des faits (dans 56 % des cas signalés en 2016 contre 47 % en 2015) ne les arrête.
Dans l'ensemble, ces proportions sont toutefois à relativiser car seules 92 agressions subies au sein des officines ont été déclarées à l'Ordre en 2016, contre 131 en 2015 et 152 en 2014. L'état d'urgence et la présence de militaires et vigiles dans les grandes métropoles est une explication possible du moindre nombre d'agressions, pour Alain Marcillac. Toutefois, ces chiffres sont aussi « en-deçà de la réalité », estime-t-il en reconnaissant que les modalités de déclaration sur le site de l'Ordre étaient encore complexes jusqu'au 31 décembre dernier. Preuve en est, le nouvel outil de déclaration en ligne, mis en place au 1er janvier cette année, « qui ne prend pas plus de trois minutes », a déjà permis d'enregistrer 82 déclarations. Soit quasiment le niveau de 2016 en moins de cinq mois. Les chiffres de 2017 seront ainsi peut-être plus représentatifs pour la profession.