La polémique décline mais les problèmes persistent. À ce jour, 5 000 signalements d'effets indésirables ont été notifiés par des patients sur le portail Signalement-sante.gouv.fr mais moins de un sur cinq ont été transmis aux centres de pharmacovigilance pour analyse, selon le journal Le Monde. Et même si les requêtes sur Google concernant le Levothyrox, après avoir bondi à partir du 16 août, date de parution de l'article du Parisien, sont en nette décrue et que le nombre d'appels au Numéro vert de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a été divisé par vingt en une semaine, rien n'est réglé.
Le front de la contestation s'est ainsi organisé : une plainte vient d'être déposée contre Merck par une patiente et la députée européenne Michèle Rivasi s'est engagée le 30 août dernier auprès de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) à demander le retrait des spécialités « nouvelle formule ». Une demande que le ministère de la Santé et l'ANSM ont déjà rejetée, l'Agence reconnaissant toutefois un déficit d'information auprès des patients. Néanmoins, cette position dure de l'AFMT ne semble pas partagée : l'Association Vivre sans thyroïde a adopté une posture plus modérée en publiant sur son site un document d'accompagnement des patients et attend « les résultats de l'analyse de pharmacovigilance [de l'ANSM, NDLR] en octobre » pour se prononcer, au cas « assez improbable » selon eux où les effets indésirables constatés seraient dûs à autre chose qu'un déréglement thyroïdien.
Pas de lévothyroxine OTC en Italie
Le problème s'est en fait déplacé : de nombreux patients échaudés par le changement de formulation du Levothyrox sont allés faire un tour chez leur médecin et ont obtenu une prescription pour des gouttes de L-Thyroxine. Une solution à bannir, selon l'ANSM et l'Ordre des pharmaciens, lequel a relayé un message d'alerte le 1er septembre via le dossier pharmaceutique. Ce traitement est en effet réservé à certains patients, les enfants de moins de 8 ans et les personnes ayant des troubles de la déglutition, pour lesquels aucune alternative n'existe. Le risque de ruptures de cette spécialité à faible rotation semble donc bien réel.
Outre la « solution » des gouttes, les messages postés sur les réseaux sociaux incitent les patients concernés à aller se procurer leur traitement à l'étranger, en particulier de l'Eutirox en Italie, qui serait délivrable « sans ordonnance », affirme notamment l'ex-championne de ski Marielle Goitschel sur un post Facebook. Sauf que c'est totalement faux, à moins de recourir à des moyens illégaux. L'Ordre des pharmaciens italiens l'assure : « en Italie, l’Eutirox est encore un médicament sous ordonnance » et aucun projet de switch ne serait à l'étude. Idem pour la Belgique. Surtout, « nous expliquons bien aux patients que c'est reculer pour mieux sauter : le Levothyrox sera amené à changer dans tous les pays européens », soutient Vivre sans thyroïde. Il faut toujours se méfier des fausses bonnes solutions.