L'actualité au sujet de l'hormone thyroïdienne ne faiblit pas depuis la rentrée. En effet, la décision du tribunal de grande instance (TGI) de Toulouse, le 14 novembre dernier, de mettre à disposition auprès de 25 plaignants l'ancienne formule du Levothyrox – sous la forme d'Euthyrox, importé d'Allemagne – rebat les cartes de cette polémique sanitaire. Le laboratoire Merck a annoncé faire appel de cette décision mais celle-ci pourrait, si elle faisait tache d'huile, complètement changer la donne en imposant de facto un retour pérenne à l'ancienne formule. Selon le ministère de la Santé, près de 50 000 boîtes d'Euthyrox étaient encore en circulation le 5 novembre dernier. Et Sylvie Chéreau, fondatrice du Collectif des victimes du nouveau Levothyrox, à l'origine de la plainte formée par 92 potentielles victimes – dont les 25 dépendant de la juridiction du TGI de Toulouse –, ne désarme pas : « Nous avons une réunion d'information dimanche [19 novembre, NDLR] pour entamer la même démarche auprès du TGI de Saint-Gaudens. »
Euthyrox = Eutirox
La position des autorités sanitaires, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en tête, se complique, elle, de plus en plus depuis la révélation du Dauphiné libéré le 1er novembre dernier : l'ancienne formule du Levothyrox est toujours produite à Bourgoin-Jallieu (Isère) mais à destination du marché italien, où elle est commercialisée sous le nom d'Eutirox – sans h et avec un i. Les pharmaciens connaissent bien cette spécialité pour l'avoir délivrée en lieu et place du Levothyrox ancienne formule, lorsque ce dernier était en rupture de stock en 2013. L'ANSM avançait alors que « cette spécialité [était] de composition identique au Levothyrox, en principe actif et en excipients ». Une position que le laboratoire comme l'Agence semblent ne plus tenir quatre ans après, alors qu'une comparaison des résumés des caractéristiques du produit (RCP) de l'Eutirox et de l'ancien Levothyrox montre bien que leur composition est strictement identique. Selon le laboratoire, des différences se situent notamment dans « l'origine des matières premières »... de quoi attiser encore la méfiance des patients ! Merck ayant parallèlement annoncé la commande de 200 000 boîtes supplémentaires de 100 comprimés d'Euthyrox allemand, gageons que le prochain trimestre sera toujours placé sous le signe de la lévothyroxine.