L’annonce affole déjà les futurs bacheliers qui se destinent à la première année commune aux études de santé (Paces). Une nouvelle expérimentation mettant fin, dès la rentrée 2018, à la possibilité de la redoubler dans quatre facultés parisiennes de médecine (Paris-V-Descartes, Sorbonne Université, Paris-VII-Diderot et Paris-Est Créteil), et possiblement à Brest et Lille, est en effet dans les cartons. Accusée ci et là de faire le lit d’une sélection par l’argent en favorisant les étudiants pouvant se payer des cours de préparation privés, cette nouvelle tentative de réforme, qui attend encore un arrêté du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation pour être validée, rencontre pourtant l’approbation de nombreux doyens d’université ainsi que celle de la majorité des syndicats estudiantins, dont celui des futurs pharmaciens (Anepf).
Toujours une seconde chance
Baptisé « Paces 1 » ou « Paces particulière », ce projet s’inscrit dans le cycle d’expérimentations autorisé par la loi Fioraso de 2013 et vise à mettre fin à ce que beaucoup de ses promoteurs considèrent comme un véritable gâchis humain. Ces derniers, malgré l’interdiction du redoublement, insistent sur le fait que le principe de seconde chance n’est pas pour autant écarté dans le projet « Paces 1 » ; pour preuve, il prendra corps dans le dispositif complémentaire déjà mis en place dans une quinzaine d’universités, l’AlterPaces. Celui-ci permet, sur dossier et après validation d’unités d'enseignements complémentaires, de rejoindre la deuxième année du cursus sanitaire après l’obtention d’une licence. Dans les faits, l’examen de mai pour passer en deuxième année ouvre environ 75 % des places du numerus clausus afin de réserver les 25 % restantes aux AlterPaces. Avec « Paces 1 », le concours en lui-même sera divisé en deux sessions, avec désormais un oral de rattrapage pour les étudiants dits « reçus-collés », qui ont eu plus de la moyenne à l’examen mais n'ont pu décrocher directement une place en deuxième année.
Un consensus encore fragile
Dans un communiqué du 25 janvier, les six syndicats d’étudiants concernés par les études de santé qualifient cette expérimentation d’« outils en faveur de la réussite de tous les étudiants » et saluent un système qui « permettra aux candidats d’accéder à leur seconde chance tout en progressant dans leur parcours universitaire ». Considérant qu’il constitue « une réponse forte aux problématiques de capacités d’accueil en Paces (notamment franciliennes) », ils font part du « consensus large entre les acteurs institutionnels, étudiants et universitaires » concernant ce projet. Une affirmation bien hâtive puisque le syndicat étudiant Unef (Union nationale des étudiants de France) demande déjà « l’abandon du dispositif Paces One ». La question de la rupture d’égalité lors de la première année de l'expérimentation, qui verra se côtoyer sur les mêmes bancs de ces facultés des étudiants redoublants et des « primants » qui n’auront pas cette possibilité, pose en effet question. Pour tenter d’y remédier, les syndicats estiment qu’une augmentation transitoire du numerus clausus de l’ordre de 25 % est d’ores et déjà indispensable. Alors qu'elle n'est pas encore officialisée, la « Paces 1 » suscite donc déjà autant d'enthousiasme que de controverses.