L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a levé un pan du voile le 13 février dernier sur la situation des ruptures de stock dans l'Hexagone. Si de 2013 à 2016 le nombre de signalements et de risques de ruptures plafonnaient autour de 400 par an, l'année dernière a marqué une recrudescence : + 30 % par rapport à 2016, avec un peu plus de 500 signalements. Une situation que l'Agence ne s'explique pas encore tout à fait, ces résultats, qui concernent uniquement les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur, demandant à être affinés. Ils ne seraient néanmoins pas liés aux nombreux rebondissements de l'affaire Levothyrox. Parmi les causes déclarées, pêle-mêle : les problèmes liés aux outils de production (20 % des cas), une capacité de production insuffisante (15 %) liée par exemple à une augmentation du volume des ventes (10 %), mais aussi des difficultés d'approvisionnement en matières premières (15 %) ou des défauts de qualité (20 %). L'Agence ne fait pas mention d'éventuelles exportations réalisées par les grossistes-répartiteurs, que pointent régulièrement les industriels du médicament.
« Pas de différence qualitative »
Les classes thérapeutiques les plus touchées par ces ruptures sont les anti-infectieux généraux, les médicaments du système nerveux et les antinéoplasiques et immunomodulateurs, un classement qui n'est pour le coup pas chamboulé : « il n'y a pas de différence qualitative mais seulement quantitative par rapport aux années précédentes », résumait le 13 février Patrick Maison, directeur de la surveillance à l'ANSM. Pour le seul mois de janvier 2018, l'Ordre des pharmaciens signalait, lui, 289 produits en rupture, un résultat globalement stable tout au long de l'année dernière mais qui, rappelons-le, couvre l'ensemble des médicaments du marché de ville et non uniquement les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur. La fin des ruptures n'est pas encore pour demain.