Pour Francis Megerlin, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et membre de l’Académie nationale de pharmacie, les modifications successives du taux maximal de remises accordées par les génériqueurs aux pharmaciens sont la marque d’un essoufflement des incitations réglementaires mises en place par les pouvoirs publics. Parce qu’il est « décorrélé de l’effort de substitution », qu’il « ne bénéficie pas à toutes les pharmacies » et ne profite « ni à l’assureur obligatoire ni aux complémentaires », le revenu issu de cette gestion des remises voit « sa légitimité contestée, même lorsqu’il est légal ».
Un risque de baisse des prix
S’il considère comme « improbable » l’effet d’un déplafonnement – une extension réglementaire des remises au maximum autorisé de 50 % du prix fabricant hors taxes (PFHT) ou une modification législative qui les étendrait au-delà – sur l’accroissement du revenu des pharmaciens, il estime cependant qu’il conduirait à « restructurer [leur] rémunération sur des bases transparentes ». Dans cette hypothèse, « un déplafonnement éclairerait encore le potentiel de réductions des PFHT, que de fait il annoncerait rapidement ». Quoi qu’il en soit, cette dynamique bouleverserait l’économie officinale et seule « une conversion rapide en honoraires » d’une partie de ces remises permettrait de créer « un point d’appui fiable pour le développement des services et la confiance [dans l’avenir] qu’il suppose ». Au final, Francis Megerlin confirme que « le passage d’une économie de produits menacée à une économie de services mixée et pérenne est en effet décisif pour requalifier le réseau officinal et revitaliser la répartition, selon les buts de santé publique ».