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Les fabricants ripostent

La guerre est déclarée entre les fabricants d’OTC et l’Agence du médicament. En jeu, rien moins que l’avenir de l’automédication et la sécurité des patients.

© FOTOLIA/STUDIOSTOKS

 

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a jeté un pavé dans la mare avec ses recommandations publiées fin février. Rappelons qu’elles écartent tout simplement à terme les marques ombrelles, quel que soit le statut des produits, et restreignent grandement les possibilités de graphisme sur les packagings. L’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (Afipa), représentant les fabricants d’OTC, ne pouvait évidemment pas laisser passer cela.

Des recos qui n’en sont pas

Première salve : une requête en référé du lobby des industriels auprès du Conseil d’État pour faire annuler ces deux recommandations. Les sages du Palais-Royal ont rejeté leur demande le 24 mai dernier, arguant notamment d’un manque d’éléments objectifs – comme une perte de chiffre d’affaires – tout en réservant leur décision sur le fond, qui ne sera pas connue avant plusieurs mois. C’est cette décision, qui peut remettre les compteurs à zéro entre l’Agence et les industriels, qu’attend désormais avec impatience l’Afipa. Dans l’intervalle, le 31 mai dernier, les industriels ont contre-attaqué. Pourquoi tant de hâte alors que ces recommandations ne sont même pas rétroactives ? « Certes dans l’esprit, une recommandation n’est pas obligatoire sauf qu’en pratique, elle le deviendra. Si un laboratoire refuse de se mettre en conformité, il n’aura jamais l’autorisation de l’ANSM », analyse Daphné Lecomte-Somaggio, déléguée générale de l’Afipa. À l’ANSM, on refuse de rentrer dans la polémique, arguant que tous les dossiers seront examinés « au cas par cas ». Difficile pour les fabricants d’avoir gain de cause, alors ces derniers attaquent la validité scientifique de ces décisions : « L’Agence avance des chiffres de 30 % d’erreurs médicamenteuses en lien avec les conditionnements sans spécifier pour quels types de médicaments, on ne nous a fourni aucun élément factuel », pointent-ils. L’Afipa a dégainé un sondage Viavoice montrant que « un quart de la population identifiera moins bien l’indication des médicaments avec des packs conformes à la recommandation de l’ANSM ». Elle a également produit certains packagings façon nouvelles recommandations (voir « Et revoilà le paquet neutre ! »). Une chose est sûre : le débat sur le « paquet neutre » en OTC n’a pas fini d’agiter la pharmacie dans les mois à venir. 

Par Laurent Simon

1 Juin 2018

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