Mais ils ont un coût ! Comme moi, vous avez dû entendre la présidente de l’Autorité de la concurrence, Isabelle de Silva, s’exprimer dans les médias il y a quelques semaines. Ce n’est une surprise pour personne, l’institution prépare une grande enquête sectorielle sur la distribution des médicaments ; nous avons d’ailleurs été auditionnés deux fois dans ce cadre. Les conclusions de cette enquête, qui seront rendues début 2019, ne surprendront également personne. Ouverture du monopole sur l’OTC – la grande distribution piaffe –, ouverture du capital… nul doute que l’Autorité de la concurrence respectera l’esprit de sa mission, à savoir introduire toujours plus de concurrence, partout et en tous lieux. Y compris dans la santé, vous l’avez compris.
« Les conclusions
de l’Autorité
de la concurrence
ne surprendront
personne. »
Je n’ai rien contre la concurrence : elle est saine et produit une émulation souvent souhaitable entre les opérateurs… à condition d’y mettre des bornes. Les officines sont d’ailleurs toutes en concurrence les unes avec les autres, à la fois sur l’OTC et les produits de parapharmacie. C’est un fait. Mais ce n’est évidemment pas suffisant pour ceux qui croient que le marché peut tout résoudre. À ceux-là, je dis simplement : à combien estimez-vous le fait que 22 000 officines soient équitablement réparties sur le territoire français ? À combien estimez-vous le fait que, parfois, une personne âgée peut franchir la porte d’une officine et s’y asseoir un instant, pour rien, juste pour passer un moment avec une autre compagnie que la sienne. Ces scènes-là, les pharmaciens les vivent tous les jours. À trop vouloir donner un prix aux choses – et à le baisser in fine pour faire des économies –, on en oublie leur valeur.
On dit souvent que le médicament n’est pas un produit comme les autres – et c’est évidemment le cas –, je voudrais rajouter que la pharmacie n’est pas non plus un commerce comme les autres. À force de vouloir la faire rentrer dans le rang concurrentiel, les régulateurs, sûrement bien intentionnés, vont tout simplement finir par priver ceux qui en ont le plus besoin de l’accès aux officines. Est-ce réellement un risque qu’une société est prête à prendre pour ses citoyens les plus fragiles ?