La coordination des soins a-t-elle été inventée en 2018 ? Certainement pas, à écouter Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins MG France, qui intervenait lors de cette première table ronde samedi 20 octobre du 71e Congrès des pharmaciens à Strasbourg : « La première chose est de se connaître pour mieux travailler ensemble. » Au lendemain de la signature de l’accord-cadre interprofessionnel (Acip) le 10 octobre dernier au siège de l’Assurance maladie, il aura beaucoup été question de coordination des soins. Côté Assurance maladie justement, son directeur général Nicolas Revel a rappelé le but de ce texte, ratifié par l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) : « L’Acip permet d’introduire des orientations stratégiques. Nous pourrons dès le début de l’année prochaine passer aux travaux pratiques », a-t-il expliqué. En d’autres termes, passer d’un système « informel » à un système « formel », analyse le président de la FSPF, Philippe Gaertner, qui a annoncé être signataire de cet Acip. « Il va falloir mettre en musique [l’exercice coordonné, NDLR], abonde Jocelyne Wittevrongel, présidente de l’UNPS. L’Acip est valable cinq ans mais les technologies évoluent vite. » Il s'agit donc de créer dans les territoires les structures adéquates pour accueillir la coordination des soins. C’est notamment le travail des agences régionales de santé (ARS) ; le directeur général de l’ARS Grand-Est, Christophe Lannelongue, le confirme : « On sort d’une culture de cloisonnement et d’individualisme. Nous mettons en place des actions très concrètes de soutien. » Encore faut-il garantir aux pharmaciens les ressources pour le faire, signale Albin Dumas, président de l’Association de pharmacie rurale (APR), qui s’est alarmé de voir disparaître « 1 milliard d’euros de l’officine [suite aux économies décidées dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2019, NDLR] ».
Le DMP en forme, les bilans à la peine
Il n’en reste pas moins que pour s’exprimer pleinement, la coordination des soins ne peut se passer d’outils et de projets. L’un d’eux, en développement depuis une dizaine d’années, est le dossier médical partagé (DMP) : « Lorsque nous l’avons récupéré il y a deux ans, il n'y avait que 500 000 DMP, dont la moitié étaient vides, se rappelle Nicolas Revel. Aujourd’hui [à quelques jours du lancement de la campagne nationale, NDLR], un millier d’officines supplémentaires peuvent en créer chaque semaine et 80 000 DMP sont créés par semaine. » Il reste en revanche un sujet sur lequel pharmaciens et Assurance maladie s’inquiètent de concert : le déploiement des bilans de médication, jugé très insuffisant par les deux parties depuis leur lancement début 2018. « Il faut vous y mettre, a exhorté Philippe Gaertner lors de cette table ronde. Il faut que les pharmaciens prennent leurs responsabilités. » Avec 15 000 patients inclus pour le moment, l’objectif de 400 000 bilans de médication réalisés pour la fin de l’année semble en effet encore loin. Le directeur général de l’Assurance maladie en a profité pour « démentir formellement » avoir envisagé leur suppression : « Nous avons construit ensemble ces bilans de médication, ce n’est pas un lapin que nous avons sorti du chapeau. J’attends beaucoup de ce type de nouvelles missions, ce sont des éléments concrets de coordination. » Il n’y a plus qu’à !