Canada, Australie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, ainsi que 23 États américains... Alors que s'allonge chaque année la liste des pays qui autorisent la prescription et la dispensation du cannabis à des fins thérapeutiques, les autorités politiques françaises seraient-elles en train d’évoluer ? Toujours inflexible sur la dépénalisation de son usage récréatif, l'éxecutif actuel a toutefois consenti à ce que soit ouvert un débat sur son usage médical. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a ainsi mis en place en septembre dernier un comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) destiné à évaluer la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du cannabis à visée thérapeutique. Celui-ci a auditionné, le 10 octobre dernier, plusieurs professionnels de santé, dont Carine Wolf-Thal, présidente de l'Ordre des pharmaciens.
En gélules plutôt qu'en sachets
Considérant tout d'abord « qu'il revient aux autorités compétentes d'évaluer l'intérêt » de la mise à disposition en France du cannabis thérapeutique « sur la base d'éléments scientifiques », Carine Wolf-Thal a toutefois estimé, une fois ces prérequis établis, que le pharmacien serait tout à fait « à sa place [...] dans la mise à disposition du cannabis pour les patients ». Par ailleurs, la présidente de l'Ordre a rappelé que le statut de plante médicinale, à savoir la possibilité de remettre aux patients le produit en vrac ou en sachet dose lui paraissait « peu adapté en raison du fort risque de détournement d'usage ». L'Ordre envisage « plutôt la deuxième option qui est la préparation pharmaceutique », le produit relevant dès lors « du statut de la matière première à usage pharmaceutique ». Se déclarant « favorable à un accès le plus large possible », Carine Wolf-Thal a enfin fait part des préconisations de l'Ordre en matière de prescription dont il souhaite voir l'initiation restreinte à certains spécialistes hospitaliers « pour limiter les abus d'utilisation et favoriser le bon usage, avec un renouvellement [également] hospitalier sur une durée maximum de 28 jours », conformément à la législation sur les stupéfiants. Mais le débat ne fait que commencer.