Le marché de l'automédication pique du nez et présente pour la première fois depuis cinq ans une croissance négative (–0,3 %), soit une perte de 10,4 millions d'euros en prix public TTC en 2018 par rapport à 2017 pour un volume global des ventes évalué à 3,87 milliards d'euros prix public TTC. Dans le détail du 17e baromètre de l'Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (Afipa) présenté le 5 février, les spécialités antalgiques (–5,3 %) et celles destinées aux voies respiratoires (–4,5 %) sont les plus en recul, alors que d'autres tirent encore leur épingle du jeu (+4,1 % pour les voies digestives et +4,2 % pour la dermatologie). Plus généralement, les performances notables des compléments alimentaires en progression de 8,4 % en valeur entre 2017 et 2018, et celles, plus modestes, des dispositfs médicaux (+2,8 %) n'auront pas été suffisantes pour compenser la baisse des médicaments d'automédication (–4,6 %). Parmi eux, les OTC décroissent plus rapidement que les OTX – les médicaments remboursables non listés, comme le Doliprane, et non présentés au remboursement – avec des baisses en valeur respectives de 5,3 % et de 2 %.
Le naturel au galop
Si le relistage de certains médicaments, l'interdiction de publicité pour d'autres, l'arrivée tardive de l'épisode grippal de cet hiver et les mouvements sociaux qui ont entraîné une baisse du trafic en officines expliquent en partie ce phénomène, l'Afipa pointe également de nouveaux modes de consommation qui penchent davantage vers les produits dits « naturels ». Les ventes de compléments alimentaires, qui s'établissent en 2018 à 880 millions d'euros en valeur, sont ainsi notablement portées par celles des spécialités destinées au confort digestif (+18 millions d'euros entre 2017 et 2018) largement constituées de probiotiques. Selon une étude qualitative réalisée par Open Health en juillet 2018 auprès de 120 pharmaciens, 59 % d'entre eux déclaraient avoir noté une baisse des médicaments « conventionnels » en faveur d'alternatives naturelles. En moyenne, ils estiment qu'environ un tiers des produits qu'ils délivrent dans leur officine revendiquent un positionnement « naturel ». Aromathérapie, probiotiques et phytothérapie occupent de plus en plus de place dans leurs linéaires au détriment des produits à base de pseudoéphédrine, des produits d'hygiène et de cosmétologie ainsi que de ceux identifiés comme « chimiques ». Pas de quoi rassurer les officinaux qui doivent, sur ce segment, affronter la concurrence des autres circuits de distribution.