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Les industriels demandent une pause sur les baisses de prix

La pression sur les tarifs des médicaments augmente les risques de pénuries, affirment les industriels, qui demandent un moratoire sur les baisses de prix.

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Le gouvernement poursuit le déploiement de son plan anti-ruptures de médicaments. Le comité de pilotage chargé de la stratégie de prévention et de lutte contre les pénuries de médicaments en France a été installé le 23 septembre par la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Un point sera fait en janvier 2020 pour évaluer les premières actions mises en œuvre. En attendant, des mesures contre les ruptures seront introduites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2020 qui sera présenté le 30 septembre. Le gouvernement entend ainsi obliger les industriels à constituer un stock de sécurité de 2 à 4 mois sur les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM). Afin de garantir la continuité de l’approvisionnement, il souhaite aussi les contraindre à fournir, à leurs frais, des solutions alternatives en cas de rupture. De nouvelles sanctions sont également prévues, par exemple en cas de défaut de constitution d'un stock de sécurité et d'information auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de situation de rupture ou de risque de rupture.

Un équilibre fragile

Des mesures qui soulèvent des réserves du côté des industriels. Tout en rappelant que « l’augmentation significative des tensions et ruptures d’approvisionnement de médicaments est un sujet prioritaire pour les entreprises du médicament », le Leem demande au gouvernement d’appliquer un moratoire sur les baisses de prix dans le prochain PLFSS. L’obligation de renforcement des stocks de MITM, assortie de sanctions financières, représente aux yeux du président de l'organisation professionnelle des entreprises du médicament, Frédéric Collet, une mesure « contraignante [qui] ferait peser un risque d’aggravation des ruptures si elle se cumulait avec de nouvelles baisses de prix des médicaments »
« Une politique de sanctions sera contreproductive en accroissant les risques supportés par les entreprises et en réduisant les possibilités de maintenir les médicaments sur le marché », estime pour sa part l'association des professionnels et industriels français du médicament générique et du biosimilaire, le Gemme, qui souhaite une « année blanche » pour les baisses de prix des médicaments génériques. Son vice-président, Jean-Louis Anspach, explique que les médicaments génériques ont un rôle important pour prévenir et limiter les ruptures : « Ce marché "multisource" porté par une multiplicité de laboratoires permet de proposer des alternatives, de diversifier l’offre et in fine de limiter l’impact des ruptures pour les patients ; il faut absolument préserver cette offre et être vigilant à toute mesure venant la fragiliser. » Or, selon le Gemme, les baisses de prix ininterrompues « ont conduit à diminuer le nombre de producteurs capables de fournir les principes actifs en qualité et en quantité ».

Par Christophe Micas

27 Septembre 2019

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