Réunis en assemblée générale le 28 novembre, les membres de l’association représentant les industriels du générique et des biosimilaires en France se sont positionnés en faveur de la substitution des médicaments biosimilaires par le pharmacien. Sous certaines conditions toutefois : seulement dans le cadre d’une primo-délivrance et pour certains types de médicaments. Les membres du Gemme confirment par ailleurs qu’ils sont favorables à l’interchangeabilité des médicaments biosimilaires par le médecin.
Cette position est nouvelle pour l'association qui était jusqu'ici divisée sur la question. Mais désormais elle considère que la substitution en primo-délivrance de certains médicaments biologiques par le pharmacien est à même de lever les freins au développement de ce marché qui peine à décoller, notamment en ville. En effet, le taux de pénétration moyen des biosimilaires en France se situe actuellement en dessous de 10 % à la fin de la première année de commercialisation, très loin de l’objectif de 80 % d'ici à 2022 défini par le gouvernement. Or, débloquer ce marché serait source d’économies substantielles pour le système de santé, économies « qui contribueront, espère le Gemme, à alléger la pression économique croissante sur les médicaments génériques et l’industrie du façonnage ». L’association relève que « les médicaments biologiques qui vont perdre leur brevet d’ici à 2030 représentent un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros (ville + hôpital) ».
Un modèle économique différent de celui des génériques
Le Gemme souhaite également que cette substitution par les pharmaciens s’effectue selon des conditions économiques et pratiques différentes du modèle en vigueur pour les médicaments génériques. Selon lui, celles-ci ne doivent pas dégrader le marché et permettre à chacun des acteurs d'en tirer profit. « La définition de ce modèle passe nécessairement par une concertation avec les pouvoirs publics, les pharmaciens et les médecins », estime l’association, qui souhaite également que le développement des biosimilaires se fasse dans le cadre d’une démarche de soins coordonnée associant tous les professionnels autour du patient afin « d’établir une confiance durable » et d’éviter « de reproduire les erreurs commises avec le médicament générique (opposition des acteurs, défiance des patients…) ». « Certaines associations de patients réclament aussi la substitution, gage d'un suivi de proximité par le pharmacien, expert du médicament », souligne d’ailleurs le Gemme.
Quoi qu’il en soit, la substitution des biosimilaires par les pharmaciens ne semble pas être pour tout de suite. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2020, adopté le 3 décembre en seconde lecture par l’Assemblée nationale, a en effet purement et simplement supprimé ce droit qui leur avait pourtant été accordé en 2014, en initiation de traitement, mais n'avait jamais été mis en place faute de décret d'application.