Le projet de réforme des retraites lancé par le gouvernement a provoqué de vives tensions dans notre pays. On a beaucoup entendu parler des revendications des cheminots, des enseignants ou des avocats. Peu de celles des pharmaciens. Pourtant, depuis plus d’un an, la FSPF œuvre afin que les spécificités de notre régime soient prises en compte dans le régime universel (RU). Nous n’avons jamais poussé à cette évolution et nous avons dû négocier, aux côtés de l’UNAPL et de l’U2P, avec le Haut Commissariat aux retraites pour faire entendre nos particularités et faire en sorte que l’entrée dans le RU ne se traduise pas par une hausse de nos cotisations. La grève n’est pas le seul ni parfois le meilleur moyen d’action.
De fait, nous avons obtenu des avancées. À commencer par une mesure de justice, la modification de l’assiette de nos cotisations. Ainsi, un tiers de la CSG versée par les pharmaciens serait considéré comme des cotisations donnant droit à la retraite. L’objectif étant qu’1 euro cotisé soit vraiment équivalent pour tous. Mais nous voulons que ce chiffre d’un tiers soit inscrit dans la loi afin qu’il ne puisse pas être modifié au gré des futurs projets de loi de financement de la sécurité sociale. L’avenir du niveau de nos pensions en dépend.
Nous avons aussi réussi à maintenir pendant vingt ans – le temps de la transition vers le RU – la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP). Les titulaires disposent aujourd’hui d’un régime de capitalisation obligatoire qui devait, à terme, disparaître. Mais nous entendons le garder, du moins pour partie. Et pour nous, la CAVP doit continuer à le gérer. Autrement dit, il n’est pas question de la voir disparaître au profit de fonds de pension américains ! Certes, nous avons obtenu la sanctuarisation de nos réserves. Mais un problème se pose : si, demain, tous les pharmaciens cotisent au RU, le rendement de la capitalisation va s’affaiblir en l’absence de nouvelles entrées de cotisants à la CAVP. Nous demandons donc qu’une partie des cotisations que nous verserons au RU, 5 % jusqu’à trois plafonds de la Sécurité sociale, soit versée à notre régime de capitalisation obligatoire.
Nous avons également obtenu que les professions libérales soient représentées au sein de l’organe de gouvernance du système, qu’un conseil de la protection sociale des professionnels libéraux soit créé et que l’avenir de notre caisse soit préservé.
Enfin, en ce qui concerne les femmes, le principe des majorations actuellement en vigueur pour la maternité et l’éducation des enfants doit être maintenu dans le nouveau système. Si ce dernier prévoit des taux de majoration en fonction du nombre d’enfants (à la place du bonus de 10 % par parent à partir du troisième enfant), il ne précise pas ce que deviendront les huit trimestres actuels de majoration maternité et éducation. La FSPF propose donc que ces trimestres soient convertis en bonus de points pour les mères.
Stabilité des cotisations, hausse de la base ouvrant droit à pension, garantie sur la gouvernance et les réserves, sont dans le projet de loi. La mobilisation de nos équipes sera totale pendant l’examen de ce texte par le Parlement, il ne faut rien lâcher !
Philippe Besset
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
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