« Nous avons besoin de vous, il faut nous préserver, il faut nous sauver. » C’est le cri d’alarme lancé par les membres du bureau de la FSPF de Haute-Savoie (74) dans un courrier adressé à Emmanuel Macron. « En tant que pharmaciens, nous faisons partie des professionnels de santé en première ligne durant cette crise sanitaire. Nous sommes en guerre, et les pharmaciens et leurs équipes sont au front. Malgré le manque de moyens mis à notre disposition et les consignes parfois incohérentes, souvent injustes, nous faisons de notre mieux avec bon sens et éthique », écrivent-ils, visiblement agacés par le maintien de l’ouverture des parapharmacies considérées comme des commerces indispensables – « Pouvait-on trouver mieux pour continuer d’entretenir la confusion dans la tête des gens ? » –, les inspections de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pendant cette période, la valse-hésitation dans la date butoir pour le renouvellement exceptionnel des ordonnances ou encore la « mascarade » des masques de protection.
Des décisions sans concertation
Les membres du bureau de la FSPF 74 dénoncent, pêle-mêle, les modalités de délivrance de ces masques qui « sont à s’arracher les cheveux et changent quasi quotidiennement », leur gestion administrative et, « summum de la honte », le fait que les équipes officinales, et particulièrement les préparateurs et préparatrices en pharmacie, ne soient pas prévus dans les dotations, ni dans les gardes d'enfant alors qu'ils sont en première ligne, au même titre que les pharmaciens. Ils se disent, par ailleurs, honorés que l’on ait pensé au réseau officinal pour être le relais des violences conjugales à l’officine, mais regrettent que l’État ait pu « oser nous balancer cela sans mettre un seul moyen de communication ou de formation à notre disposition ». « La plupart de ces décisions sont prises à nos dépens, sans aucune concertation avec nos instances professionnelles. Nous sommes pourtant une profession parfaitement structurée avec un Ordre et deux syndicats représentatifs », font-ils remarquer au chef de l’État. « Compte tenu de l'urgence sanitaire, nous faisons le dos rond et effectuons nos tâches du mieux que nous le pouvons », expliquent-ils avec ce sentiment amer « après des années de combat pour défendre notre économie et notre maillage territorial, de voir notre réseau utilisé avec si peu de considération ».
Un maillage en péril
« La France et peut-être le monde sont à un tournant économique et social. Plus que jamais, les Français ont besoin de professionnels de santé disponibles et de proximité. Nous sommes les seuls professionnels de santé dont la porte est ouverte chaque jour et disponibles sans rendez-vous. Quotidiennement, nous sommes à l’écoute et au service de nos patients. Nous avons toujours serré les dents et nous nous sommes toujours adaptés mais aujourd’hui, de nombreuses pharmacies sont contraintes de fermer et notre maillage territorial, si pratique en temps de crise, est en péril », concluent-ils.