Sur cette vidéo très… parlante, le personnage qui émet des gouttelettes ne parle pas, justement, il tousse. Mais, explique Thierry Marchal, directeur santé d'Ansys, une société spécialisée dans la modélisation numérique, « il en serait de même s'il parlait fort : il projetterait des gouttelettes de manière relativement similaire ». Celui qui est aussi expert santé auprès de la Commission européenne explique : « Sur cette vidéo, nous montrons qu'il faut une distance d'1,50 à 2 mètres. La puissance de ces images-là est que nous n'imposons rien, nous montrons simplement ce qui se passe quand vous êtes à 1 mètre d'une personne potentiellement contaminée, peut-être asymptomatique : vous risquez de recevoir toute une série de gouttelettes. » Le spécialiste, qui confie au passage que beaucoup de pharmaciens de son entourage partagent cette vidéo sur les réseaux sociaux et sont désireux de la projeter dans leur pharmacie dans un but éducatif, ajoute qu'il « ne cherche pas à critiquer les gouvernements. D'ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé a toujours parlé de 1 mètre minimum, et l'on observe que les plus grosses gouttelettes, celles de l'ordre de 300 à 500 microns, vont retomber au sol à environ 1 mètre. Mais les gouttelettes moyennes, voire les plus petites, vont rester beaucoup plus longtemps dans l'air et pouvoir impacter une personne située à 1 mètre ».
En pharmacie, un conseil : le Plexiglas !
« Je ne suis pas épidémiologiste ou virologue, mais expert en aérodynamique des particules », explique celui qui va bientôt publier un article sur les conditions d'une éventuelle réouverture des salles de sport. Notre but est d'apporter, humblement, une certaine aide aux virologues à travers notre expertise. » Pour arriver à ces conclusions, il détaille avoir « utilisé la technologie numérique pour prédire quelle allait être la trajectoire des particules une fois expirées et soumises à la gravité ». D'autres études, dont une publiée récemment avec la Oklahoma State University (États-Unis) et dont il est coauteur, cherchent à comprendre « ce qui se passe en fonction du vent et du taux d'humidité. Si l'air est sec, les particules auront tendance à s'évaporer ; s'il est très humide, comme par temps orageux, la condensation aura tendance à faire grossir les gouttelettes », détaille l'expert ès particules, basé en Belgique, où, au passage, la distanciation demandée par les pouvoirs publics est de 1,50 mètre contre 1 mètre en France. Son conseil concernant les comptoirs des pharmacies ? « L'installation d'un Plexiglas permet de limiter considérablement le risque si le patient est à moins de 1,50 ou 2 mètres du pharmacien. À condition bien sûr de veiller à ce que le premier ne colle pas son visage trop près du Plexiglas sur lequel le virus peut être présent ! »