Alors qu'il existe désormais des biosimilaires disponibles en ville pour 10 médicaments biologiques, le taux global de substitution ne dépasse pas, pour l'heure, les 25 %, alors même que le taux de pénétration des biosimilaires sur leur marché de référence a été fixé à 80 % à l'horizon 2022 par les pouvoirs publics. Un objectif qui semble plus que difficile à atteindre sans l'apport du réseau officinal et des pharmaciens. Le rapport de confiance que ces derniers entretiennent avec leurs patients conditionne en effet fortement leur acceptation d'une substitution de leur traitement par un biosimilaire en initiation de traitement. C'est l'un des enseignements de l'étude en vie réelle, baptisée « Pharmaciens et médicaments biologiques » (Obvie PMB), menée par le groupement HPI-Totum à la fin 2019.
Formation et information
Enrôlant 78 pharmacies du groupement, l'étude qui avait pour objectif d'« expérimenter en vie réelle l'impact du pharmacien et de son équipe sur l'acceptabilité des patients » a analysé le taux de substitution du Lovenox par l'un de ses deux biosimilaires présents sur le marché français (Crusia et Inhixa) dans les officines participantes. Un choix avant tout dicté par l'importance de l'énoxaparine qui représente plus de 50 % des biomédicaments dispensés en ville depuis le début 2020 (en unité commune de dispensation), mais dont les biosimilaires ne pèsent que 16 % du total dispensé. Au préalable, les pharmaciens ont bénéficié d'une formation en e-learning afin de renforcer leurs connaissances des médicaments biologiques, reçu un guide des informations à relayer aux patients ainsi qu'une fiche explicative des modalités d'injection pour le patient ou l'infirmière. Le groupement leur a également fourni le courrier d'information au médecin traitant et/ou médecin prescripteur.
Pleine confiance des patients
Au final, le taux de substitution en initiation de traitement de l'énoxaparine dans les 78 officines participantes est passé, en l'espace de seulement deux mois et demi, de 4,8 à 37 %. Une progression vertigineuse stoppée net le 27 décembre 2019 par la suppression de l'article L. 5125-23-3 du code de la santé publique qui autorisait les officinaux à réaliser la substitution (mais auquel il manquait toujours un décret d'application). Par ailleurs, 98,8 % des 409 patients inclus dans l'étude ont manifesté leur satisfaction vis-à-vis de la démarche explicative et informative de l'équipe officinale, confirmant ainsi le fort lien de confiance existant entre les malades et cette catégorie de professionnels de santé, tandis que seuls 4,3 % des médecins contactés ont émis des réticences quant à cette initiative.