L'effet Covid-19 associé à la priorisation, non encadrée par des textes officiels mais encouragée par les autorités de santé, donnée aux personnes à risque a produit son effet. Mais pas forcément celui escompté. Aux premiers jours de la campagne de vaccination antigrippale débutée le 13 octobre, les pharmacies ont ainsi été prises d'assaut par des patients craignant des ruptures rapides avec pour effet de générer... des ruptures. Fabrice Camaioni, président de la Commission Métier pharmacien de la FSPF et titulaire à Revin (Ardennes), en témoigne : « J'ai écoulé en trois jours et demi l'équivalent des doses vendues d'ordinaire en un mois et demi et je crains d'être en rupture dès lundi prochain. » Une situation que vivent aujourd'hui une majorité d'officines hexagonales et qu'il explique notamment par « une communication qui s'est finalement avérée très contre-productive ». Selon lui, « le message insistant sur la priorité qu'il fallait donner aux personnes fragiles, afin d'éviter qu'un éventuel engouement pour le vaccin anti-grippe de toute une catégorie de la population n'étant pas à risque ne vienne réduire trop fortement les stocks, les a poussées à se ruer dans les pharmacies ». De fait, « la déferlante est très fortement liée à des personnes munies de bons qui voulaient être certaines de pouvoir disposer du vaccin cette année », note-t-il.
Incertitudes
Si de nombreux officinaux craignent de ne plus disposer de vaccins très rapidement, d'autres sont d'ores et déjà en rupture de stock. Sans compter que, pour beaucoup d'entre eux, la commande pourtant passée au début de l'année n'a pas encore été livrée en totalité, quand elle l'a été. « Aujourd'hui, je ne sais toujours pas quand j'aurai mon solde », regrette Fabrice Camaioni, à l'instar de la plupart de ses confères qui se demandent également ce qu'il en est des 2 millions de doses du stock de l'État et si elles seront débloquées prochainement. Devoir éventuellement apposer une affiche sur sa devanture prévenant qu'il n'y a plus de vaccins désole l'élu de la FSPF, qui craint que ces ruptures précoces portent un coup à la campagne et découragent certaines personnes qui étaient pourtant motivées pour se faire vacciner cette année. Une situation qui inquiète également l'Ordre national des pharmacien qui a fait parvenir ce jour aux officinaux un questionnaire à remplir en ligne pour évaluer la situation.