C'est une alerte collégiale que viennent de formuler l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les sociétés savantes de pédiatrie, le collège national des sages-femmes et les centres antipoison : plusieurs cas d’hypercalcémies sévères, parfois avec lithiase/néphrocalcinose nécessitant des hospitalisations ont été retrouvés chez des nourrissons exposés à une supplémentation en vitamine D sous forme de compléments alimentaires. En cause, des erreurs d'administration par les parents, méconnaissant les différences de concentrations en cholécalciférol entre la spécialité prescrite par le pédiatre (généralement 200 à 300 UI par goutte) et la référence qu'ils ont finalement décidé d'acheter (500, parfois 1000 voire 10 000 UI par goutte).
Préférer les médicaments
Dans leur appel conjoint, les experts proposent aux médecins de persévérer dans la prescription de spécialités, dont la concentration permet une administration sécurisée : « Nous rappelons que les médicaments sont des produits sûrs, contrôlés et de qualité qui permettent un apport fiable et une sécurité d’utilisation ». Au comptoir, il n'est pas inutile de préciser aux parents qu'« administrer à son enfant trop de vitamine D peut être aussi dangereux que de ne pas en administrer assez », et de les aider à évaluer la dose de vitamine D donnée en fonction des produits utilisés. Sur ce point, on rappellera qu'une mise à jour des recommandations nationales concernant les doses de vitamine D destinées aux enfants est actuellement en cours et qu'elles vont s'aligner sur les recommandations européennes, à savoir 400 UI par jour de 0 à 18 ans chez l’enfant en bonne santé sans facteur de risque, et 800 UI par jour de 0 à 18 ans chez l’enfant présentant un facteur de risque.
La vitamine D au cœur de polémiques
Ce n'est pas la première fois que le sujet de la supplémentation en vitamine D des enfants est sous le feu de l'actualité. Au printemps 2019, les réseaux sociaux avaient relayé un appel au boycott d'Adrigyl et d'autres spécialités, appel formulé par des parents militants fustigeant sur la présence de butylhydroxytoluène dans la formulation, un composé qui cristallisait leurs inquiétudes. Cette rumeur avait pu renforcer les ventes de compléments alimentaires apportant de la vitamine D, aux dépends de leurs pendants médicamenteux. Actuellement, la supplémentation de la population générale en cette vitamine fait l'objet d'une campagne de communication signée de 73 experts francophones et six sociétés savantes nationales, en vue de prévenir une infection grave par la Covid-19.