En compétition sportive, on appelle cela un faux départ… À peine démarrée, la vaccination anti-Covid-19 à l'officine avec le vaccin AstraZeneca a été brusquement suspendue le 15 mars en raison de cas suspects de troubles hématologiques graves signalés en Europe. L'Agence européenne des médicaments (EMA) a réaffirmé, le 18 mars, son opinion favorable sur ce produit, estimant que le bénéfice dépassait largement le risque. Mais elle n'a toutefois pas écarté la possibilité d'un lien entre la vaccination et des cas très rares et graves de thromboses survenues chez 25 personnes en Europe. Dans la foulée, le Premier ministre Jean Castex a souligné, dans son allocution du 18 mars, que cet avis de l'EMA « confirme que le vaccin AstraZeneca est un vaccin qui est non seulement très efficace pour lutter contre l'apparition de formes graves de la maladie mais qui est aussi un vaccin sûr, sans danger ». Le 19 mars, c'était au tour de la Haute Autorité de santé (HAS) de se prononcer et de réévaluer ses indications. « Nous recommandons la reprise rapide de la vaccination avec l'AstraZeneca », a fermement affirmé Dominique Le Guludec, présidente du collège de la HAS. Mais l’instance a introduit un gros bémol dans ses recommandations par rapport à son avis initial du 2 février. Elle préconise donc « à ce stade de n'utiliser le vaccin AstraZeneca que pour les personnes âgées de 55 ans et plus, qui constituent la très grande majorité des personnes prioritaires actuelles ».
Les doses arrivent progressivement
Annoncée par le Premier ministre, la vaccination à l'officine peut reprendre dès le 19 mars après-midi. Pour Philippe Besset, président de la FSPF, cet agenda semble compliqué à tenir car « nous n'avons pas les doses, qui ont été mises en quarantaine chez les grossistes et à Santé Publique France ». Selon lui le démarrage effectif de la vaccination en pharmacie devrait se faire la semaine du 22 mars. Prônant la prudence, il recommande à nouveau aux pharmaciens de ne confirmer aucun rendez-vous avant d'avoir les doses sous les yeux et de faire des listes de personnes prioritaires à vacciner desquelles il faudra semble-t-il retirer les personnes de 50-55 ans avec comorbidités qui s'attendaient à être vaccinées à l'officine et qui le seront plus vraisemblablement en vaccinodromes avec les vaccins Pfizer ou Moderna, si toutefois le ministère suit l'avis de la HAS.