La prise de contact avec leur autorité de tutelle, tant attendue par les représentants des pharmaciens, s'est tenue le mercredi 21 février. Cette première rencontre avec Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, mais aussi Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, s'est déroulée dans le cadre de la présentation de la nouvelle feuille de route 2024-2027 du gouvernement pour « garantir la disponibilité des médicaments et assurer à plus long terme une souveraineté industrielle ».
Comme l'a relaté Philippe Besset à l'occasion de son Live hebdomadaire, c'est « un éventail de solutions qui a été présenté ». Si beaucoup d'entre elles n'étaient pas nouvelles, il semble que le gouvernement ait décidé de raccourcir leur délai de mise en œuvre et d'augmenter leur ampleur. Pour le président de la FSPF, il apparaît que le principal moteur de l'action repose sur la réindustrialisation au niveau français et européen : l'objectif est de ne plus dépendre des produits et notamment des matières premières d'origine asiatique, en particulier concernant les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ou MITM.
Optimiser la prescription des antibiotiques
En parallèle du développement des unités de production locales – qui se fera à moyen et long termes –, plusieurs actions visant à améliorer dès à présent la disponibilité des médicaments et à « garantir leur utilisation maîtrisée et pertinente » ont été détaillées. Le gouvernement propose ainsi aux prescripteurs d'utiliser à leur cabinet des Trod CRP dans les cas d'infections respiratoires aiguës, hautes ou basses. Ces tests rapides d'orientation diagnostique évaluent, sur une goutte de sang obtenue à l'autopiqueur, la valeur du marqueur biologique de l'inflammation : un résultat élevé signe une infection bactérienne quand le contraire penche plutôt en faveur d'une problématique virale. Les prescriptions d'antibiotiques pourraient ainsi être plus efficacement limitées aux cas dans lesquels ils sont réellement utiles, avec, à la clé, une utilisation raisonnée des stocks. Agnès Giannotti, présidente du syndicat MG France, a indiqué selon France Info que sa profession « était prête à cela ». De son côté, Philippe Besset a précisé que les pharmaciens contribueraient au meilleur ciblage des traitements antibiotiques en multipliant les Trod angine notamment.
De nouvelles fonctionnalités pour DP-Ruptures
L'ensemble des parties prenantes à ce projet global de lutte contre les pénuries de médicaments considère également comme essentielle l'amélioration de la circulation de l'information. « Nous réclamons depuis longtemps une meilleure communication des données » relatives aux tensions et ruptures de stock, a rappelé Philippe Besset. « Le gouvernement s'est engagé à modifier la loi et les missions du Conseil de l'Ordre des pharmaciens pour que l'outil DP-Ruptures oblige les laboratoires à le renseigner efficacement. » Cela permettra aux pharmaciens de prendre connaissance de la cause des problèmes d'approvisionnement qu'ils constatent et de recueillir des données sur le délai nécessaire au retour de chaque médicament dans leurs linéaires. Un canal, permettant de déclencher une commande d'urgence auprès du labo via le DP-Ruptures, va prochainement être créé s'est également réjoui le président de la FSPF.
Enfin, la HAS et l'ANSM vont être chargées de mettre en place une liste d'équivalence de médicaments. Elle permettra aux pharmaciens de substituer entre elles les spécialités au gré de l'évolution de leurs stocks sans avoir à solliciter les prescripteurs. Une mesure importante pour les équipes officinales qui savent combien cette étape peut s'avérer chronophage au cours d'une délivrance. Si la mise en place de ces nouvelles actions « va dans le bon sens », Philippe Besset n'a pas manqué de relever que cela aurait pu être réalisé dès juillet dernier, évitant ainsi à la profession la perte d'un temps précieux.