C’est en tout cas ce que prévoit le projet de rapport « Charges et produits » que le conseil de la Cnam doit adopter le 18 juillet et qui, chaque année, préfigure le futur projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour l'année suivante. Dans ce texte de près de 400 pages que s’est procurée la presse médicale, l’Assurance maladie rappelle que son déficit s’établit à 11,1 milliards d’euros en 2023, en nette amélioration puisque la crise sanitaire l’avait creusé à 30,4 milliards en 2020 (contre 1,5 milliard en 2019), et que cette embellie « doit se poursuivre ». Pour y parvenir, elle prévoit un programme d’économies (ou de dépenses évitées) en trois axes :
• 80 millions d’euros grâce à la prise en charge des pathologies chroniques ;
• 1,06 milliard d’euros grâce à la pertinence et l’efficience des soins ;
• 420 millions d’euros grâce à la lutte contre la fraude.
425 millions d’euros d’économies sur le médicament
Concernant spécifiquement les économies sur le médicament, la Cnam attend 300 millions d’euros par des gains d’efficience - et compte notamment sur le développement des biosimilaires et des hybrides - et 125 millions d’euros par l’amélioration de la pertinence de soins (par exemple via les consultations de déprescription des généralistes, mises en place par la convention médicale pour les patients hyperpolymédiqués, qui doivent s’appuyer sur un bilan partagé de médication réalisé par le pharmacien).
30 propositions
Par ailleurs, elle liste une série de 30 propositions, dont plusieurs concernent directement la profession. Elle souhaite ainsi « identifier, avec les pharmaciens, les dispositifs médicaux non ouverts ramenés à l’officine et expérimenter les modalités de leur utilisation ». Elle compte permettre aux professions de santé qui réalisent les bilans de prévention « d’orienter les patients vers un dépistage du diabète et de la maladie rénale », ou encore « lutter contre la banalisation des médicaments [opioïdes] de palier 2 et 3 en régulant leur dispensation » et même élargir l’utilisation des ordonnances sécurisées « pour maîtriser la dispensation de certains médicaments spécifiques ». À noter que deux mesures de l’avenant conventionnel signé en juin se retrouvent dans cette longue liste : le déploiement de l’outil Asafo pour lutter contre les fausses ordonnances et le soutien financier aux officines des territoires fragiles « lorsqu’elles sont les dernières de leur commune », de façon à « empêcher la désertification pharmaceutique ».