Cent-soixante millions d’euros ! C’est le gisement d’économies, selon l’association de génériqueurs le Gemme, d’une substitution pleine et entière des biosimilaires et des hybrides. Plus exactement, 80 millions d’euros pourraient être économisés si la substitution était autorisée au sein des groupes biosimilaires inscrits avant 2024. Or, à l’exception des deux molécules que sont le filgrastim et le pegfilgrastim, les pharmaciens attendent le « go » de l’ANSM, dont l’évaluation est requise avant la fin de l’année.
À titre de comparaison, le Gemme souligne que « dans certaines provinces canadiennes », le taux de pénétration biosimilaire s’élève à 90 % pour l’étanercept, à 87 % pour l’insuline glargine et à 93 % pour l’adalimumab, alors que ce taux est respectivement de 54 %, 45 % et 51 % en France. Une situation qui « limite la réduction des coûts » dans l’Hexagone, tout en favorisant « des rentes de situation », ajoute l’association. Celle-ci insiste par ailleurs sur l’absence de perte de chance pour les patients par la substitution : « La pratique clinique des quinze dernières années a montré que les biosimilaires sont comparables aux bioréférents (avis EMA d’avril 2023). »
Égalisation de marge
De même du côté des hybrides, la substitution est bridée à deux classes thérapeutiques alors que le Gemme « a identifié 33 nouvelles classes d’hybrides potentiellement substituables représentant un potentiel de réduction de coût estimé à 80 millions d’euros ». Tandis que les besoins de financement sont exponentiels et que le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 devrait être présenté au cours de la deuxième quinzaine de septembre, l’association appelle « à mobiliser rapidement et pleinement » les dispositions des précédentes lois de financement de la Sécurité sociale (LFSS 2019 et 2024).
Cet appel rejoint les revendications de longue date de la FSPF qui semblent avoir enfin été entendues. Après avoir obtenu le soutien de la Cnam en faveur d’une large substitution dans l’avenant économique signé en juin dernier, le syndicat peut se réjouir de la promesse tenue par le dernier gouvernement : l’arrêté d’égalisation de marge entre biosimilaires et hybrides et leurs médicaments de référence est entré en vigueur le 1er août dernier. Reste à encadrer les remises commerciales des biosimilaires et hybrides, ce qui devrait être à l’ordre du jour du prochain PLFSS.
Injuste clause de sauvegarde
Le Gemme termine son argumentaire en demandant à nouveau « l’exonération des médicaments porteurs d’économie de la clause de sauvegarde ». Cette taxe, mise en place en 1999, est appliquée aux génériques depuis 2019, ce que le Gemme dénonce comme une « pression insoutenable, injuste et confiscatoire ». En effet, plus les génériques, biosimilaires et hybrides prendront de parts de marché, plus ils permettront de faire des économies à l’Assurance maladie. Mais « plus ces économies sont élevées et plus la sanction financière est forte [ce qui] remet en cause la viabilité du secteur ». Fin mai 2024, le Premier ministre d’alors, Gabriel Attal, avait assuré que le sujet ferait partie des débats lors du PLFSS pour 2025. Le tout juste nommé Premier ministre Michel Barnier sera-t-il sur la même longueur d’ondes ?