Souvent décrit comme un homme de compromis et un expert reconnu de la négociation après avoir menée celle du Brexit au sein de l'Union européenne, Michel Barnier aura besoin de toutes ces compétences pour que son gouvernement réussisse à faire avancer plusieurs chantiers prioritaires sans majorité à l'Assemblée nationale. Parmi ces derniers, celui de la santé n'est pas le plus mince avec, d'un côté, un hôpital public toujours en souffrance et, de l'autre, des professionnels libéraux qui attendent des réponses pragmatiques aux nombreux problèmes auxquels ils sont confrontés. Dans son discours prononcé dans la cour de Matignon aux côtés de son prédécesseur, Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre a bien évoqué comme priorité l'accès aux services publics, mais n'a pas explicitement évoqué la santé.
Investissement massif sur les soins de ville
Dans un communiqué de presse en date du 5 septembre, dans la foulée de la nomination de Michel Barnier, les Libéraux de Santé (LDS), le collectif qui regroupe les dix principaux syndicats représentatifs des professions du secteur, rappellent que « face aux grands défis de notre société, en particulier celui du vieillissement de la population et de la prévalence des maladies chroniques, les Français ont plus que jamais besoin d’une offre de soins de proximité forte ». Dans cette optique, les LDS estiment que « l’exercice libéral devra à cet égard être soutenu ». Appelant à la « préservation de l’activité économique de nos cabinets, laboratoires et officines », le collectif syndical prône des « arbitrages au sein de l’Ondam [qui] doivent permettre un investissement massif sur les soins de ville libéraux ». Enfin, « la modernisation de l’organisation des soins et le chantier de la révision du système conventionnel devront aussi être des priorités du gouvernement ».
Inquiétude pour la future LFSS
De leur côté, les pharmaciens se tiennent prêts. « Nous demanderons à être reçus par le nouveau ministre de la Santé une fois qu'il sera nommé et que son équipe sera constituée », annonce Philippe Besset, le président de la FSPF. Dans la liste des sujets brûlants qui seront exposés figurent notamment la mise en place des mesures décidées dans l'avenant économique signé en juin dernier, l'impact des baisses tarifaires sur un réseau officinal déjà fragilisé, le déploiement du décret sur les territoires fragiles et des demandes de garanties concernant l'attractivité de la profession. Quoi qu'il en soit, Philippe Besset s'avoue d'ores et déjà « inquiet concernant la future loi de financement de la sécurité sociale », dont il craint qu'elle ne puisse être votée par une Assemblée nationale « dans laquelle ne se dégagera vraisemblablement aucune majorité de circonstance pour ce type de texte relatif à des problématiques de financement ».