C'est une proposition inédite de la part des Entreprises du médicament (Leem). Dans l'attente d'un PLFSS en retard et dont on ne connaît pas encore la teneur, la conférence de rentrée du syndicat des industriels du médicament s'est, cette année, centrée sur des propositions permettant de faire des économies dans le champ du médicament. L'idée, comme l'a explicité Jean-François Brochard, président de la commission Financement et Régulation du Leem ainsi que de Roche Pharma France, est de fournir des pistes à l'État concernant des sources d'économies potentielles en contrepartie, notamment, d'une baisse significative du montant de la clause de sauvegarde : « Nous avons une exigence vis-à-vis de la clause de sauvegarde car il en va de l’équilibre du système, […] tout en étant lucides quant à la fragilité des financements publics. Nous faisons donc une proposition d’un plan d’économie de 1,1 milliard d’euros par an. »
Délistés mais pas déremboursés
Pour atteindre ces 1,1 milliard d'euros, le Leem a calculé qu'il était possible de dégager 300 millions d'euros en renforçant encore les mesures de bon usage du médicament et que le paiement anticipé à l'Assurance maladie des remises négociées en amont devrait apporter 500 millions d'euros annuellement. Les 300 millions d'euros restants pourraient, selon le Leem, être la résultante d'un élargissement de la liste des médicaments à prescription médicale facultative (PMF). « Cette prescription obligatoire génère de l’inconfort pour les patients » qui doivent prendre des rendez-vous, parfois avec un spécialiste, dans le cas d'affections relativement simples, résume Thierry Hulot, président du Leem, ajoutant que « beaucoup de patients en France préfèreraient payer 2 ou 3 euros de leur poche plutôt qu’avoir à emprunter tout ce parcours ». Mais qui dit délistage ne dit pas forcément déremboursement. Une nuance de taille sur laquelle a insisté celui qui est également PDG de Merck en France : « Ce qui prime, c’est la démographie sanitaire : certains patients sont en capacité de mettre les quelques euros qui ne leur seront pas remboursés, d’autre pas. Il faut donc que certains médicaments soient délistés mais pas déremboursés. »
Deux classes thérapeutiques prometteuses
Pour étayer son argumentaire, Thierry Hulot s'appuie sur la récente étude de Nères qui « montre que, dans les plus grands pays européens, il y a 4 à 5 fois plus de produits délistés sans que cela ait posé de problème de mauvais usage, ni donné lieu à une augmentation des effets secondaires indésirables. Il faut bien sûr que tout cela soit encadré et qu’il y ait une discussion scientifique avec l’ANSM. » Jean-François Brochard, qui voit dans l'allongement de la liste des PMF « une opportunité », pointe particulièrement deux classes thérapeutiques qui constituent des « pistes très prometteuses » : les antifongiques utilisés dans les mycoses simples ainsi que les médicaments indiqués dans les rhinites. Il rappelle enfin que, concernant ces molécules, « il y a des dizaines de milliers de professionnels de santé que sont les pharmaciens qui sont parfaitement compétents et à même de conseiller leurs patients ».