C’est avec un retard marqué bien involontaire que les parlementaires vont s’atteler, le 21 octobre après-midi, à l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 et de ses nombreux amendements, parmi lesquels certains pourraient enrichir un texte initial peu tourné vers l’officine. À trois jours de l’échéance, le président de la FSPF, Philippe Besset, a insisté lors de son Live hebdomadaire sur sa « prise de parole très forte, en tête-à-tête avec les ministres de la Santé et des Comptes sociaux, pour leur exprimer toute l’incompréhension de l’ensemble de notre secteur quant aux mesures prises chaque année concernant la pharmacie ».
La mise en ligne complète du PLFSS et de ses annexes a également permis à la Fédération de prendre connaissance des tendanciels estimés par l’Assurance maladie pour l’année prochaine. Par exemple, la mesure annonçant 1,2 milliard d’euros d’économies sur les prix des produits de santé est contrebalancée, pour la pharmacie, par la « revalorisation conventionnelle de nos tarifs » pour un total de 100 millions d’euros pour le réseau. En tenant compte des différents items détaillés dans l’annexe, « la trajectoire de l’officine en 2025 devrait être tenue, c’est-à-dire aux alentours de + 2 % pour notre rémunération, comme cela était prévu », précise Philippe Besset. Encore faut-il qu’il n’y ait pas de mesures surprises votées dans ce PLFSS.
Supprimer les groupements ?
Or, à la lecture des plus de 1 500 amendements déposés, le président de la FSPF a pu constater qu’il y avait « un peu de tout », parfois même « un peu n’importe quoi », évoquant des pistes parfois « très baroques ». Outre des propositions attendues d’extension de la dispensation à l’unité en pharmacie ou encore de substitution biosimilaire dès la mise sur le marché d’une copie d’un médicament biologique, Philippe Besset n’a pas caché son étonnement face à un amendement du député démocrate Cyrille Isaac-Sibille pour interdire les groupements de pharmaciens.
Dans son exposé des motifs, celui-ci estime qu’en « cherchant à mutualiser les ressources et à négocier des conditions avantageuses, [les groupements] favorisent essentiellement les grandes officines au détriment des plus petites » et qu’ils représentent « un maillon intermédiaire non nécessaire dans la chaîne de distribution ». De plus, n’étant pas soumis à une « régulation claire », les groupements de pharmaciens sont une porte ouverte « à la financiarisation du secteur, avec l’entrée de fonds de pension au capital de plusieurs groupements […] désormais orientés vers une logique purement financière [et qui] ne répondent plus aux besoins réels des officines ou du service public de santé ».
Remises biosimilaires et hybrides
Un argumentaire vivement combattu par la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies, Federgy, qui « alerte sur un amendement regrettable qui méconnaît le rôle des groupements » et déplore de ne pas avoir été contacté par son auteur. Détaillant les services qu'ils apportent aux pharmacies « depuis plus de trente ans », Federgy refuse de porter la responsabilité d'une certaine financiarisation du secteur et affirme que les solutions proposées par ses membres « ont toujours fondamentalement respecté l'indépendance des pharmacies ». La chambre syndicale conclut son propos en indiquant qu'il « aurait été préférable de déposer un amendement sur les biosimilaires qui pourraient faire économiser 1 milliard d’euros à l’Assurance maladie » et qu'elle se tient « à disposition de tout élu qui souhaiterait en savoir plus sur nos enjeux et comprendre la mission des groupements ».
La FSPF rappelle, pour sa part, qu’elle a travaillé avec de nombreux députés de tous bords, ce qui a abouti au dépôt de plusieurs amendements en faveur des remises sur les médicaments biosimilaires et hybrides. Une mesure essentielle pour l’économie officinale et sans laquelle la signature de l’avenant conventionnel en juin dernier pourrait perdre tout son sens.