Déjà échaudés par « l'affaire » des masques qui leur a laissé le sentiment amer d'avoir été floués au profit de la grande distribution, les officinaux entendent bien ne pas laisser passer l'opportunité de pratiquer des tests rapides d'orientation diagnostique (Trod) pour dépister les personnes ayant été en contact avec le SARS-CoV-2. Plébiscités par la Haute Autorité de santé (HAS) dans sa recommandation rendue le 18 mai, ces Trod, qui font désormais pleinement partie de la stratégie de maîtrise de l'épidémie durant la phase de déconfinement, ne peuvent toujours pas être pratiqués par les pharmaciens d'officine tant que n'aura pas été publié un arrêté qu'ils ont collégialement réclamé au ministre de la Santé.
Maintenant et sans prescription
Dans une lettre ouverte adressée le 28 mai à Olivier Véran, l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies (Federgy), l'Uspo et la FSPF rappellent tout d'abord que « les arguments de certains ont été battus en brèche par cette recommandation de la HAS tant au niveau de la compétence des pharmaciens d’officine que sur la qualité des tests, et également par le CNR [Centre national de référence, NDLR] qui a confirmé la fiabilité et l’utilité des tests sérologiques en complément des PCR [tests diagnostiques, NDLR] ». Mais outre leur demande de parution « sans plus attendre » de l'arrêté les autorisant à pratiquer ces Trod, ils demandent également que celui-ci adopte une « forme qui soit cohérente avec la fonction même des Trod, qui est une orientation diagnostique » et que ces tests soient donc « accessibles sans prescription médicale obligatoire ». Enfonçant le clou, les représentants de la profession s'étonnent d'ailleurs que « la Direction générale de la santé (DGS) puisse tolérer une telle dérive sanitaire quant à l’utilisation des tests sérologiques par certaines entreprises, certaines collectivités qui se sont procurés des tests sérologiques pour les utiliser auprès de leur personnel avant même qu’ils aient été validés par le CNR ». Souhaitant pratiquer ces Trod « pour répondre aux interrogations de nos concitoyens sur leur statut vis-à-vis du Covid », ils proposent enfin de participer au recueil des données épidémiologiques « en collectant les résultats de façon anonyme pour une remontée éventuelle vers les autorités de santé si elles le souhaitent ».