Selon les résultats d'une étude anglaise qui vient d'être publiée dans le British Medical Journal (BMJ), l'utilisation de macrolides pendant la grossesse est associée à un risque accru de malformations congénitales par rapport aux pénicillines. Les chercheurs ont étudié une cohorte de 104 605 enfants nés au Royaume-Uni entre 1990 et 2016 de mères ayant eu une prescription de macrolide en monothérapie (érythromycine, clarithromycine ou azithromycine) ou de pénicilline durant leur grossesse. Ces données ont été comparées à celles de 82 314 enfants dont les mères avaient pris des macrolides ou des pénicillines avant la conception, et de 53 735 enfants qui étaient frères ou sœurs de ceux de la cohorte de l'étude. Les macrolides sont parmi les antibiotiques les plus fréquemment prescrits pendant la grossesse dans les pays occidentaux, souvent comme alternative aux pénicillines en cas d'allergie ou de suspicion d'allergie.
Malformations cardiaques et génitales
Résultat : « des malformations majeures » ont été retrouvées chez 21,55 ‰ des enfants dont la mère avait reçu, enceinte, des macrolides, et 17,36 ‰ des enfants dont la mère avait eu des pénicillines. Lorsque les antibiotiques sont pris durant le premier trimestre, le nombre de malformations majeures monte à 27,65 ‰ des enfants avec une mère sous macrolide versus 17,65 ‰ avec une mère sous pénicilline. Le nombre de malformations cardiaques passe quant à lui de 10,60 ‰ avec une mère sous macrolide à 6,61 ‰ avec une mère sous pénicilline. Par ailleurs, « la prescription de macrolide à n'importe quel trimestre a été associée à un risque accru de malformations génitales, principalement des hypospadias ». Et la prescription d'érythromycine au cours du premier trimestre a été associée à un risque accru de malformation de 27,39 ‰ contre 17,65 ‰ avec une pénicilline. En revanche, aucune association significative n'a été trouvée entre les macrolides pris par la future maman et les troubles neurodéveloppementaux chez son enfant.
Prudence et alternatives conseillées
Des résultats qui font dire aux auteurs que « les macrolides doivent être utilisés avec prudence pendant la grossesse et, si possible, des antibiotiques alternatifs doivent être prescrits jusqu'à ce que d'autres recherches soient disponibles ». Ils attirent toutefois l'attention sur le côté observationnel de leur étude, qui ne permet pas de tirer de conclusions définitives, mais estiment « que pour 1 000 mères qui se voient prescrire des macrolides au lieu des pénicillines au cours du premier trimestre, 4,1 enfants auraient des malformations cardio-vasculaires » (et 1,7 des malformations génitales). Jusqu'alors, la littérature scientifique avait fait état de preuves cohérentes mettant en avant un risque accru de fausse couche avec les macrolides pendant la grossesse, mais rien de significatif concernant les malformations. La Suède et le Royaume-Uni ont déjà émis des avertissements en conséquence.