Bye bye codéine (Claradol, Doliprane codéine, Codoliprane, Klipal...), dextrométhorphane (Humex toux sèche, Euphonyl, Clarix...), éthylmorphine (Tussipax, Vegetoserum...) et noscapine (Tussisédal) sans ordonnance. Ce sont ainsi une soixantaine de spécialités contenant ces molécules qui seront très bientôt listées et quitteront donc les rayons des officines pour rejoindre leurs tiroirs. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a en effet signé le 12 juillet un « arrêté à effet immédiat » – une fois qu'il sera publié au Journal officiel tout de même – obligeant à présenter une ordonnance pour s'en procurer. En outre, « la vente de ces médicaments sur les sites internet des pharmacies ne sera plus possible », précise l'Ordre des pharmaciens. Concrètement, les médicaments à base de codéine ou d’éthylmorphine sous forme de sirop passeront sur liste II, les formes autres que sirop sur liste I ; les médicaments à base de dextrométhorphane ou de noscapine, quelle que soit leur forme pharmaceutique, seront eux sur liste I, d'après le centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Toulouse.
Solution drastique
Cette décision, qui était attendue depuis quelques jours, fait suite à des alertes de sécurité sanitaire liées à des overdoses mortelles chez des adolescents – deux depuis le début de l'année, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) – et à d'innombrables cas d'abus, en particulier dûs à la consommation de sirops codéinés sous forme de purple drank, aussi appelé lean, codé, codé Sprite ou cocktail bleu par ses utilisateurs. Une note de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) parue le 11 juillet confirme cette tendance, principalement chez des jeunes adultes de 17 à 25 ans « non vus sur les scènes festives » et non « usagers de drogues illicites », hormis le cannabis. « C'est de la perche de petit jeune », résume un observateur cité par l'OFDT. La codéine est « principalement issus des pharmacies [...]. Ces achats surviennent plutôt les week-ends ». Les pharmaciens auront justement sous peu un argument tout trouvé pour refuser la vente de ces opiacés controversés. À noter que la prométhazine, molécule antihistaminique sédative disponible en OTC, qui entre également dans la composition du purple drank et dont le potentiel addictogène est mal documenté, n'est pas touchée par cet arrêté de listage.