Pour plus de 7 pharmaciens sur 10 ayant répondu à notre questionnaire, la situation à l’officine est redevenue calme après une période de tension (voir premier graphe). Il semble y avoir eu pour la majorité d’entre vous un avant et un après confinement de la population. Après des journées très intenses précédant l’annonce du président de la République invitant les Français à rester chez eux, les jours suivants sont redevenus calmes, avec une fréquentation parfois inférieure à la normale parce que « les gens ont compris qu’on serait toujours là les jours suivants ». Quoi qu’il en soit, beaucoup d’entre vous ont vécu « un assaut de patients » venus renouveler leurs traitements par peur de manquer, sans compter les demandes de masques, de gants ou de gel hydroalcoolique, les appels téléphoniques « incessants » et l’accroissement des demandes de livraison à domicile. Certains disent avoir vécu « deux jours horribles avant le confinement » dans un contexte « ubuesque » concernant la distribution des masques de protection aux professionnels de santé. Et tout cela alors que les titulaires étaient parfois confrontés à une absence de personnel pour maladie ou pour cause de garde d’enfants. D’autres confrères ont vu leur activité augmenter de façon exceptionnelle dans un premier temps en raison de l’arrivée de personnes venues « se mettre au vert » pour vivre un meilleur confinement.
Pour environ 15 % d’entre vous, l’accalmie ne s’est pas fait sentir. La situation est même devenue tendue, voire ingérable (voir second graphe). Près de 60 % estiment que cela est dû non seulement à des problèmes d’organisation, mais aussi au comportement de leur patientèle. Beaucoup témoignent de stress dans leur équipe, notamment lié au nombre insuffisant de masques pour le personnel, d’autant que les préparateurs n’ont pas été inclus dans la liste des soignants pouvant en bénéficier. Il faut aussi, pour les officinaux, répondre aux angoisses des patients, exigeants, inquiets des pénuries de masques, de gel hydroalcoolique, de thermomètres et parfois de médicaments pour leur traitement habituel, avec le sentiment « d’être démunis ». L’expérience assez largement partagée est que « les patients sont à cran, pas toujours raisonnables dans leurs demandes et cela se ressent sur le personnel qui s’énerve rapidement ». Les titulaires interrogés se plaignent aussi d’un manque d’information, de consignes peu claires et trop changeantes de la part des autorités qui « nous envoient ordre et contre-ordre en permanence, rajoutant encore du stress à notre exercice ». Bref, « répondre aux angoisses, au téléphone, aux ruptures de médicaments, aux injonctions administratives, ça devient compliqué ! »