Pour la première fois, l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) a réalisé, en 2014, une enquête baptisée « Le grand entretien Anepf » afin de mieux connaître les étudiants qu'elle représente. Ils sont plus de 3 000 à avoir répondu au questionnaire abordant choix et rythme des études, pédagogie, vie à l'université, insertion professionnelle, rythme de vie, logement, activité rémunérée et santé. Les résultats, publiés aujourd'hui, permettent de dresser un bilan des conditions de vie des étudiants en pharmacie.
Manque de visibilité
Le premier point mis en avant par l'étude est le « manque flagrant d'attractivité des études en pharmacie » : 80 % des étudiants en pharmacie considèrent qu'ils n'ont pas été suffisamment informés sur les études de pharmacie et les débouchés avant leur première année de faculté, témoignant d'un « manque de visibilité » de la filière, estime l'Anepf. De plus, parmi les étudiants n'ayant pas vécu la première année commune aux études de santé (Paces), 14 % n'avaient pas choisi de faire pharmacie en première intention à l'issue du baccalauréat et parmi ceux ayant effectué la Paces, 40 % n'avaient pas choisi de faire pharmacie en première intention. Une situation liée à la réforme de la Paces, qui a « visiblement eu un impact négatif sur la visibilité et l'attractivité de la filière pharmacie » incrimine l'Anepf. S'agissant des débouchés professionnels, un étudiant sur deux estime qu'ils ne correspondent pas à ce qu'ils attendaient avant d'entamer le cursus pharmacie.
Manque de pratique
Malgré les multiples stages prévus durant leur cursus universitaire, les étudiants appréhendent leur entrée dans la vie professionnelle : 82 % considèrent en effet ne pas avoir acquis assez de pratique pendant leurs études. Par ailleurs, les trois principales filières du cursus pharmacie – à savoir officine, industrie, internat – sont chacune envisagées équitablement (un tiers chacune) par les étudiants en pharmacie. Aussi l'Anepf observe que « la découverte des filières hospitalières et industrielles n'est possible qu'en DFASP2 [cinquième année, NDLR] lorsque les choix d'orientation sont déjà définitifs pour les étudiants. Il n'est pas logique de s'engager dans une filière sans aucune expérience dans celle-ci », et estime qu' « il conviendrait d'homogénéiser la formation et de ne plus seulement proposer des stages officinaux tout au long du cursus mais également des stages de découverte du milieu hopsitalier ainsi que du milieu industriel ». Selon l'association étudiante, il serait également intéressant de « donner une place plus importante dans la formation commune de base aux enseignements plus pratiques tels que la qualité, la communication, le management ou le marketing » ou encore « le merchandising, la comptabilité, ou la négociation ».
Il est encore notable que dans la filière pharmacie, la population étudiante salariée (en dehors du cursus universitaire) est plus importante que la moyenne nationale (53 % versus 47 %). Ces étudiants exercent, pour plus de 60 % d'entre eux, une activité liée à leurs études et travaillent, en grande majorité, dans le milieu officinal. Près de la moité travaille pendant les périodes de cours. Plus étonnant, étant donné le domaine vers lequel ils s'orientent, les étudiants n'ont en moyenne pas d'avis sur le système de santé actuel, « ce qui peut témoigner d'un manque d'information et de compréhension de ce dernier », remarque l'Anepf.