Le 20 juin dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a levé le voile : en raison de risques allergiques rares mais graves avec la fluindione (Previscan et génériques), en particulier au niveau rénal, les molécules coumariniques (warfarine et acénocoumarol) doivent être privilégiées en initiation de traitement anticoagulant. Ce faisant, l’Agence se range à l’avis de la revue Prescrire, qui préconisait depuis 2003 l’abandon de la fluindione au profit justement de la warfarine (Coumadine). « Les atteintes rénales, isolées ou dans un autre contexte d’hypersensibilité, posent un problème majeur avec la fluindione en raison du retard fréquent de diagnostic avec un arrêt parfois très tardif du traitement après le diagnostic », notait le comité technique de pharmacovigilance de l’ANSM en 2014 ; il incitait alors lui aussi à favoriser les autres antivitamines K (AVK) et qualifiait la prédominance de la fluindione de « discutable ».
Irréductibles Gaulois
En effet, en France, le Previscan et ses génériques représentent 82 % des traitements par AVK, contre à peine 13 % pour la warfarine et 5 % pour l’acénocoumarol (Minisintrom et Sintrom). Une situation typiquement hexagonale, même si la warfarine connaît un regain d’intérêt ces dernières années : « sa part de marché correspondait à 6 % des prescriptions d’AVK en 2010 et 13 % en 2016 », précise l’ANSM. Et de rappeler que, dans le reste du monde, « la warfarine est l’AVK le plus utilisé ». Toutefois, au bout de six mois de traitement par fluindione, le risque allergique disparaît progressivement ; pas de raison donc de switcher chez des patients bien équilibrés. Reste à connaître les conséquences à moyen et long terme de cette décision officielle sur les prescriptions.