Premier thème largement abordé, les tests sérologiques : 85 % des 201 titulaires d'officines interrogés sont favorables à la distribution des tests individuels de détection des IgG et IgM par les pharmacies. Et 69 % souhaitent même effectuer ces tests au sein de leur officine. Ils estiment qu'ils en ont pleinement la légitimité, celle-ci ayant été renforcée, avant la crise, par la confiance accordée par les patients lors de la vaccination antigrippale. Les pharmaciens défavorables mettent quant à eux en avant le manque de temps et la fiabilité relative des tests. Au cas où ils seraient autorisés à les effectuer, les officinaux veulent massivement (98 %) que ces tests soient des prestations rémunérées et estiment, à 48 %, qu'ils devraient l'être à hauteur de 5 à 10 euros par test.
Retour sur le péplum des masques
L'enquête revient par ailleurs sur l'épique feuilleton des masques. Quelque 90 % des pharmaciens estiment que l'arrêté du 26 avril autorisant les officines à vendre des masques de protection non sanitaires était indispensable mais est arrivé trop tard pour permettre un approvisionnement dans de bonnes conditions. Par ailleurs, 96 % jugent que la vente de ces masques a un corollaire nécessaire : le conseil au bon usage. Ils sont par ailleurs 92 % à plébisciter la vente de masques en tissu répondant aux normes Afnor, considérant que cela fait partie de leur mission de service public et que l'officine est un circuit sécurisé pour cela ; 62 % n'étant d'ailleurs pas favorables à la vente de masques par la grande distribution ou les bureaux de tabac. En outre, pour s'approvisionner, ils confient faire majoritairement appel aux groupements et pensent, à 61 %, que le prix de ces masques en tissu devrait être encadré. Le même pourcentage de répondants estime que l'Assurance maladie devrait prendre en charge les protections pour les populations les plus précaires. Enfin, concernant les masques sanitaires distribués aux professionnels de santé, 76 % sont favorables à une rémunération pour leur distribution et une traçabilité.
Du provisoire au permanent
L'enquête montre enfin à quel point les pharmaciens, très sollicités durant cette crise, sentent que leur profession a muté sous l'impulsion du virus. Ils souhaitent que certains de ces changements soient pérennisés en passant par un élargissement du cadre réglementaire de l'exercice officinal. Ils sont par exemple 65 % à vouloir que certaines mesures dérogatoires soient prolongées, comme le renouvellement des ordonnances expirées. Et réclament, globalement, « davantage de responsabilités, de liberté d'action et moins de contraintes » ainsi que « la possibilité d'être prescripteurs sur certaines pathologies ». Plus de 95 % attendent un renforcement de la collaboration interprofessionnelle, 93 % souhaiteraient être indemnisés ou rémunérés pour la livraison de médicaments. Enfin, dans l'hypothèse où un vaccin anti Covid-19 soit disponible, 88 % sont pour la vaccination à l'officine.