Formulaire de recherche

L'Île-de-France est la seule à abandonner son Pass'

Si l'Île-de-France a annoncé la suppression du Pass' contraception, les autres régions tiennent bon, malgré un dispositif d'accès compliqué.

Le Pass' contraception a d'abord fait polémique en Auvergne-Rhône-Alpes, puis en Île-de-France, mais pas pour les mêmes raisons. Dans la première région, circulait une rumeur sur la suppression de ce dispositif qui permet aux jeunes de bénéficier, anonymement et gratuitement, de consultations médicales et de contraceptifs. Mais le budget de Laurent Wauquiez pour 2016 a été voté en maintenant le Pass' contraception. En revanche, l'Île-de-France y a bel et bien mis fin : « la réalité des chiffres est implacable », 20 000 euros ayant été provisionnés dans le budget 2015 sans être dépensés, soit « zéro Pass' distribué » l'an dernier, justifie la région désormais présidée par Valérie Pécresse. Depuis son lancement en 2011, 2 000 Pass' y ont été distribués. Une décision dont de nombreuses associations craignent les conséquences, comme le Planning familial qui déclarait sur France Info : « Ce sont les plus précaires parmi les jeunes [...] qui vont [en] pâtir. » Certes, le dispositif « n'a pas eu le succès espéré » mais « il fallait l'améliorer pas le supprimer ».

Échec programmé ?

En effet, le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur « l'accès gratuit et confidentiel à la contraception pour les mineures » rendu public en décembre dernier pointait un taux de recours « excessivement faible, même dans les territoires ruraux » mais surtout une mise en place du Pass' bien trop complexe pour pouvoir en faire un succès : celui de l'Île-de-France était par exemple « le plus restrictif », le limitant aux 15-16 ans tandis que d'autres régions allaient jusqu'à 25 ans, les prises en charge varient également d'une région à l'autre, certaines n'incluant pas la distribution de préservatifs ou les stérilets pourtant remboursés par l'Assurance maladie, les remboursements fluctuent du simple au quadruple, sans compter le manque d'information des jeunes et des professionnels de santé ou encore le nombre limité dans certains territoires de professionnels acceptant le Pass', y compris de pharmaciens. « Une des principales limites au succès de ce dispositif », estime l'Igas qui conclut : « Considérer que ces taux de recours extrêmement faibles dans les régions sont le reflet pur et simple d'une absence de besoin de gratuité et/ou d'anonymat de la part des mineures est une interprétation possible mais insuffisante. » Et d'ajouter : « Malgré une présentation générale des dispositifs d'apparence simple, ces derniers sont en réalité souvent difficiles à utiliser pour les jeunes. »

En majorité reconduit

Heureusement, sur les 9 (nouvelles) régions sur 13 qui ont mis en place le Pass' contraception, seule l'Île-de-France l'abandonne. Les régions Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Pays de la Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Normandie et Auvergne-Rhône-Alpes donc nous ont indiqué reconduire le dispositif pour 2016. Les régions Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes ne voteront leur budget annuel que fin mai mais l'Aquitaine avait déjà cessé de distribuer son Pass' contraception l'an dernier. Outre le maintenir, la cerise sur le gâteau serait d'en simplifier l'accès pour les jeunes, et la procédure pour les pharmaciens d'officine.

Par Anne-Laure Mercier

22 Avril 2016

© Le Pharmacien de France - 2024 - Tous droits réservés