Quand les pharmaciens avaient été soustraits de la loi Macron – ex-loi Montebourg –, c’était à la condition de négocier directement avec le ministère de la Santé la répartition de leur profession dans l’Hexagone. En appui de cette réflexion, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF) avaient été missionnées pour produire un rapport sur ce sujet. Publié fin novembre, celui-ci contient vingt propositions très éloignées sur le fond et la forme de celles du document de l’IGF daté de mars 2013, à propos des professions réglementées, et qui avaient provoqué un tollé chez les officinaux.
La fin d’un dogme
Le changement de ton est en effet marquant, confirme Philippe Gaertner, président de la FSPF : « il y a des idées intéressantes et il n’est même plus question de supprimer des milliers d’officines », analyse-t-il. Une demande pourtant historique de la part de la haute administration de Bercy. Au lieu de cela, le document vise à permettre à la profession de s’autoréguler. Un projet d’« ordonnance réseau » prévue dans la loi de santé promulguée début 2016 a en effet d’ores et déjà été rédigé et sera discuté à compter du 1er décembre, date de la première réunion de concertation avec le ministère de la Santé. D’ailleurs, lors de la 29e Journée nationale de l’Ordre des pharmaciens, le 21 novembre dernier, la ministre Marisol Touraine n’a pas ménagé sa peine pour rassurer la profession : cette ordonnance « permettra aux agences régionales de santé (ARS) d’identifier les zones fragiles ou en voie de fragilisation pour soutenir des officines et faciliter des transferts. Nous tenons les délais et vous pouvez compter sur moi pour continuer sur cette voie ». On ne sait qui des « anciens » ou des « modernes », de l’« audace » ou du « conformisme » a remporté la bataille prédite par Arnaud Montebourg en juillet 2014 lors de la présentation de « sa » loi, mais toujours est-il qu’au bout de trois ans les pharmaciens ont enfin remporté le droit d’être écoutés et accompagnés par les pouvoirs publics. C’est bien le moins qu’ils pouvaient espérer.