Les spécialités à base de quétiapine font l’objet de très fortes tensions d’approvisionnement sur tous les dosages. Selon l'ANSM, cela s'explique par « un problème de production rencontré par le fabricant Pharmathen International, qui travaille pour plusieurs laboratoires ». Les prescriptions et délivrances de ces médicaments voient leurs modalités modifiées à compter du 14 février pour limiter les conséquences de ces ruptures de stock sur la prise en charge des patients. Les autorités sanitaires ont décidé de mettre en place deux types d'actions complémentaires.
Recours aux préparations magistrales
Cet antipsychotique atypique, indiqué dans le traitement de la schizophrénie, des troubles bipolaires et de la dépression majeure, n'est habituellement pas présent sur le marché français sous des formes à libération immédiate (LI). Mais ce sont pourtant bien des gélules versions LI que les pharmacies dotées de préparatoires vont bientôt proposer à l'ensemble des officines pour remplacer les comprimés à libération prolongée (LP) trop peu disponibles. Ce switch devra être réalisé sur la base de la dose journalière prescrite car, selon les données de la littérature, « il est recommandé de maintenir la même dose totale quotidienne pour le passage de la forme LP à la forme LI ». En pratique, un tableau d’équivalence est à la disposition des pharmaciens.
À ceux qui s'interrogeraient sur la pertinence du passage d'une administration quotidienne d'un comprimé LP à celle de deux gélules LI administrées en une seule prise, l'ANSM indique que « le profil d'exposition systémique à la quétiapine, influencé par le rythme d’administration et la différence de formulation (gélule LI versus comprimé LP), est par nature différent [mais que] cette variation pharmacocinétique ne devrait pas entraîner de répercussions cliniques significatives ». Cependant, « une vigilance accrue est recommandée durant la période de transition ». Les experts de l'Agence invitent le pharmacien à conseiller au patient de « voir son médecin en cas d’effet indésirable ou de symptôme clinique qu’il jugerait inhabituel lié à ce changement de médicament ».
Tarif encore inconnu
« C'est la première fois que nous disposons d'un texte réglementaire concernant ce type d'action », a précisé Philippe Besset à l'occasion de son Live hebdomadaire. La FSPF a demandé à la Direction de la Sécurité sociale de fixer à 15 euros l'acte pharmaceutique correspondant à la gestion de l'ordonnance, la commande au préparatoire et la dispensation, comprenant bien sûr les explications auprès du patient de cette modification des modalités d'accès à son traitement. La réponse de l'instance est attendue dans les jours à venir, sachant toutefois qu'elle ne s'inscrit pas dans un cadre ouvert à la négociation.
Déconditionnement obligatoire pour le 50 mg
D'autre part, pour gérer au mieux les stocks résiduels, la délivrance à l'unité est à présent obligatoire concernant le dosage à 50 mg LP (et optionnel pour les autres). L'objectif est de ne dispenser que la quantité nécessaire, notamment lors d’une initiation de traitement avec titration. Pour cela, les officinaux sont autorisés à déconditionner en vue de dispenser une seule plaquette de 10 comprimés au patient. La facturation s’effectuera à l’unité, comme pour la délivrance à l’unité des antibiotiques.
En parallèle, l'ANSM, en concertation avec le Collège national des universitaires de psychiatrie, demande aux médecins de « ne plus initier de traitement par quétiapine LP, sauf pour les patients présentant un épisode dépressif caractérisé dans le cadre d’un trouble bipolaire ». L'Agence a également indiqué avoir demandé aux laboratoires concernés d’« identifier quels médicaments à base de quétiapine à libération immédiate ou prolongée pourraient être importés, quel que soit le dosage ».