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Sativex toujours à la peine

Almirall n’arrive pas à se mettre d’accord avec le Comité économique des produits de santé quant au prix du Sativex. Mais la ministre de la Santé a-t-elle les moyens de trancher ?

Le packaging du Sativex est prêt pour le marché français. Au contraire des autorités.

 

Christophe Vandeputte, le président du laboratoire Almirall, doit finir par être habitué : pour la seconde fois en moins d’un an, il s’est vu répondre par le Comité économique des produits de santé (CEPS) qu’un arbitrage politique allait être nécessaire pour fixer le prix de son médicament à base de cannabis, Sativex. L’autorisation de mise sur le marché (AMM) a été délivrée il y a maintenant plus de deux ans mais, depuis, les discussions autour du prix du produit piétinent.

Silence radio

Il en faudrait toutefois davantage pour ébranler le « moral d’acier » de l’industriel belge. Ce dernier ne semble pas prêt à baisser les bras et appelle la ministre de la Santé à « sortir du bois » et à « prendre ses responsabilités », pour obtenir a minima « un interlocuteur avec lequel dialoguer » et « une contre-proposition ». Après avoir consenti, en juin dernier, un prix (350 euros mensuel) inférieur de 20 % à la moyenne européenne, Christophe Vandeputte a présenté­ au CEPS à l’automne suivant une seconde offre, toujours à 350 euros, à laquelle s’ajoute une proposition de prix dégressif sur trois ans, une clause de revoyure à l’issue de ces trois années et une enveloppe budgétaire fermée de 10 millions d’euros assortie d’un engagement du laboratoire à se mettre en capacité de traiter tous les patients ainsi qu’à mener une étude observationnelle en vie réelle. Cette offre est toutefois restée sans réponse. La nomination récente d’une nouvelle conseillère chargée des produits de santé au cabinet de Marisol Touraine accélérera-t-elle le processus ? Le Sativex serait en haut de la pile des dossiers dont elle héritera. Aussi Christophe Vandeputte espère-t-il une réponse de la ministre en avril, une proposition du CEPS en mai, une publication au Journal officiel en juin et un lancement du médicament en juillet… 
Reste à savoir si ce blocage financier ne cacherait pas un blocage politique et/ou culturel, à savoir le refus d’ouvrir la porte en France à une quelconque forme de cannabis thérapeutique ? Marisol Touraine, qui s’était empressée de médiatiser l’obtention de l’AMM de Sativex, se serait-elle fait « taper sur les doigts » ? C’est en tout cas le sentiment du laboratoire. Celui aussi des associations de patients atteints de sclérose en plaques. Lasses de la situation, elles se disent désormais prêtes à envisager des actions juridiques, comme une saisine du Défenseur des droits.

Par Claire Frangi

25 Mars 2016

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