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Une amélioration en trompe-l’œil

Le premier bilan de la feuille de route antipénuries mise en place il y a un an par le gouvernement a été l’occasion pour la FSPF de proposer ses pistes de progrès.

© adobestock_rainister

Les ministres de la Santé, Yannick Neuder, et de l’Industrie, Marc Ferracci, ont présenté, mardi 18 mars 2025, un point d’étape de la feuille de route 2024-2027 pour lutter contre les pénuries de médicaments. Après avoir annoncé une nouvelle feuille de route, dévolue cette fois à la lutte contre les pénuries de dispositifs médicaux à l’hôpital, le gouvernement s’est félicité du déploiement réussi des premières mesures contre les ruptures de médicaments, considérant que 25 % de ce plan sur quatre ans était entré en application l’an dernier.
De fait, le nombre de ruptures ou risques de ruptures signalé à l’ANSM est passé de 4 925 en 2023 à 3 825 en 2024. Les ministres reconnaissent néanmoins que « la disponibilité en pharmacie de plusieurs médicaments antibiotiques est restée hétérogène avec des disparités régionales notables ». Et c’est dans ce contexte que le président de la FSPF, Philippe Besset, est intervenu, ainsi qu'il l'a exposé lors de son Live hebdomadaire. « C’est exact, il y a un peu moins de ruptures qu’en 2023 – qui a été l’année la plus horrible – et elles concernent moins de gens car les problèmes que nous avons eus avec des médicaments comme la prednisone et les antibiotiques majeurs ont été réglés. En revanche, elles sont plus graves : une rupture sur un antipsychotique, c’est un problème majeur de santé publique. »

Sur le terrain

Cela posé, ce premier bilan a poussé Philippe Besset à insister sur trois problématiques. La première est « la différence entre un médicament déclaré en rupture au niveau national et ce que nous vivons sur le terrain pour certains d’entre nous ». À titre d’exemple, il explique qu’un médicament peut ne pas être déclaré en rupture par l’ANSM alors qu’il est indisponible dans 3 000 pharmacies françaises. « Pour ces officines, leurs patients et les médecins de ces derniers, c’est bien une rupture. C’est un sujet sur lequel il faut se pencher, même si l’arrivée du DP-Ruptures devrait permettre de visualiser les stocks, médicament par médicament, à tous les niveaux de la chaîne, et ainsi aider à prendre des actions correctives. »
Deuxième remarque de la FSPF : les solutions en cas de pénurie mettent trop de temps à entrer en vigueur. Son président prend cette fois l’exemple actuel de la quétiapine. Les très fortes tensions sur cette molécule dans toutes ses présentations et tous ses dosages avaient conduit le ministère de la Santé à convoquer les représentants des pharmaciens en urgence début février. Si des actions avaient immédiatement été identifiées, leur entrée en application s’est faite plus lentement. Preuve en est, « nous avons obtenu la tarification des préparations de quiétapine dosées à 50 mg seulement hier au Journal officiel », s’est agacé Philippe Besset. Le ministère de la Santé s’est montré à l’écoute, expliquant que c'était les concertations avec toutes les parties prenantes qui prenaient du temps, tout en envisageant désormais d’anticiper par « des concertations en amont ».

Stratégie de dépistage

Enfin, Philippe Besset a saisi l’occasion pour mettre en avant les Trod, celui de la Covid-19 ayant récemment été déremboursé alors que la FSPF milite pour une prise en charge élargie aux dépistages de la grippe et du VRS. Or, défend le président de la FSPF, « la stratégie de dépistage permet de limiter la consommation de médicaments en différenciant infections virales et bactériennes, et de favoriser la mise en place de mesures barrières pour éviter la propagation de maladies ». Des arguments que le ministère de la Santé a pris en compte. « Toutes les parties prenantes sont mobilisées pour que, d’ici à fin 2027, nous ayons déployé l’ensemble de la stratégie pour lutter contre les pénuries », a-t-il conclu.

Par Mélanie Mazière

21 Mars 2025

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