Voici un document qui restera dans les annales du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (Cnop). Dans son rapport annuel 2020, dévoilé le 25 février, les magistrats de la rue Cambon dressent un état des lieux du dossier pharmaceutique (DP) dix ans après sa généralisation et formulent des recommandations pour en « faciliter l’usage ». Et pour une fois, ils ne sont guère avares de compliments : « La montée en charge rapide du dossier pharmaceutique et l’extension de ses finalités s’expliquent notamment par le pilotage volontariste du Cnop et le développement d’un système informatique de qualité, reposant sur un budget progressivement équilibré », écrivent-ils. Ou encore : « Dès la conception du dossier pharmaceutique, le Cnop a anticipé les différentes potentialités de l’outil. » Le Cnop et les pharmaciens se sont, estiment les Sages, accommodés de certains points faibles : « L’acceptation [...] de certaines imperfections a facilité une montée en charge rapide du dossier pharmaceutique. »
Le DMP à la traîne
Le rapport relève toutefois « un déficit d’information des patients, qui ignorent souvent s’ils disposent ou non d’un DP » et incite l’Ordre des pharmaciens à « se mettre pleinement en conformité avec le règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) » en réalisant d’ici à 2021 une étude d’impact du DP sur la vie privée. La Cour juge que la couverture du DP « peut être élargie », sachant qu’« en 2018, 60 % de la population disposait d’un dossier pharmaceutique actif ». Regret des magistrats : « Le DP-Patient ne contient pas l’ensemble des médicaments délivrés en pharmacie », notamment ceux relevant de l’automédication, à cause de la nécessité d’utiliser la carte Vitale pour accéder au dossier. Une obligation qu’ils recommandent de supprimer. Et ils jugent urgent que le dossier médical partagé (DMP), en retard par rapport au DP, y soit enfin connecté ; la Cour appellant à mettre en place une « collaboration effective entre la Cnam et le Cnop, aujourd’hui inexistante ». Parmi leurs recommandations, les Sages souhaitent « étendre l'utilisation des DP individuels en autorisant des créations automatiques sauf opposition du patient ».