La prévention et le dépistage constituent des éléments majeurs de la nouvelle convention. « Ce texte n’est pas d’ordre économique mais essentiellement centré sur le métier et place le pharmacien au cœur du parcours de soins et du premier recours », explique Cécile Michelet, titulaire à Lyon et membre du bureau national de la FSPF, responsable des congrès et des manifestations professionnelles et de la revue Le Pharmacien de France. Au-delà de la vaccination, les officinaux auront en effet un rôle important dans les dépistages des angines à streptocoque du groupe A et des cystites simples ainsi que dans la prévention du cancer colorectal. Pour ce dernier, « le dépistage permet un diagnostic précoce et une meilleure survie », souligne le professeur Frédéric Laurent, microbiologiste à l’Institut des agents infectieux des Hospices civils de Lyon et enseignant à l’université Claude-Bernard. Avec 43 350 nouveaux cas annuels, le cancer colorectal se classe troisième en termes d’incidences et deuxième pour la mortalité (17 120 décès par an). Pourquoi cibler les plus de 50 ans ? Parce que seuls « 6 % des cas apparaissent avant cet âge », indique le Pr Laurent. Il ajoute : « Si l’on atteint l’objectif de 65 % de dépistage dans la population cible, on évite 5 700 cancers et 6 600 décès. » La détection précoce de cette maladie permet aussi la mise en place de traitements moins lourds et des séquelles moins importantes pour les patients.
Le dépistage des angines bactériennes vise, quant à lui, à améliorer le bon usage des antibiotiques. En France, la consommation de ces médicaments est encore trop élevée avec, en corollaire, une augmentation de la résistance des bactéries à ces traitements. Par exemple, pour le pneumocoque, alors qu’en 1984 moins de 2 % des souches n’étaient plus sensibles à la pénicilline G, le pourcentage est monté à 55 % en quelques années. À partir de 2002, le taux est redescendu, mais depuis une dizaine d’années, il ne baisse pas en dessous de 25 %. « Les antibiotiques, c’est pas automatique, sinon, c’est catastrophique », insiste le microbiologiste, qui rappelle que sur les 9 millions de cas d’angines par an, 80 % sont d’origine virale. Grâce à la détection des angines bactériennes, le patient pourra être soigné rapidement et « n’être plus transmetteur » après 1 jour de traitement antibiotique, explique Frédéric Laurent.
Désencombrer les urgences
L’enjeu du dépistage des cystites à l’officine est différent. Il s’agit de permettre aux patients de bénéficier d’une prise en charge directement auprès du pharmacien afin d’éviter le recours aux services d’urgence dans un contexte de désertification médicale. Et le nombre de candidats potentiels à la prise en charge officinale est considérable : entre 3,5 et 4 millions de personnes souffrent chaque année d’une cystite simple sans douleur lombaire, ni fièvre. « Si vous ne le faites pas, d’autres le feront », prévient Frédéric Laurent. « Plus on dépiste, moins le coût sociétal est important. Plus on teste rapidement, plus vite on traite les patients et moins ils transmettent la maladie. Et plus on vaccine, plus on améliore la couverture vaccinale », conclut-il, encourageant la profession à s’engager dans cette démarche.
Avec le soutien de AAZ.