Une révolution. Le mot revient à de nombreuses reprises dès qu’on évoque FreeStyle Libre. Dans la communication du laboratoire Abbott, d’une part, mais aussi – et c’est plus nouveau – dans la bouche des patients, comme l’Association française des diabétiques (AFD), dont le secrétaire général, Gérard Raymond, ne tarit pas d’éloges à propos de ce nouveau lecteur de glycémie sans contact. Le principe est simple : le patient pose un capteur d’une durée de vie de 14 jours sur le bras à même la peau ; il mesure en continu la glycémie dans le liquide interstitiel. Un scan avec le lecteur donne la glycémie immédiatement. Sans autopiqueur, sans lancette, sans bandelette… Enfantin !
La fin des consommables
Passer d’au moins une demi-douzaine de piqûres par jour à une toutes les deux semaines tiendrait du miracle. Pour Gérard Raymond, « on a changé de siècle. Dans deux ou trois ans, l’ensemble des industriels auront fait la même chose. Les diabétiques ne se souviendront bientôt plus comment se piquer ». Le professeur Gérard Reach, chef du service d’endocrinologie de l’hôpital Avicenne, est aussi enthousiaste : « Le caractère invasif est une énorme barrière à l’autosurveillance glycémique. » Reste tout de même un écueil majeur : le produit n’est pas remboursé et risque de ne pas l’être avant « courant 2016 », à écouter Abbott. Le directeur général de la division Diabetes Care, Philippe Emery, précise que le laboratoire a lancé des « études internationales et multicentriques qui sont toujours en cours, dont les conclusions seront rendues fin 2015 ». L’étape suivante sera de présenter le dispositif à la Haute Autorité de santé (HAS), afin qu’il soit évalué et in fine remboursé… « Les autorités de santé semblent assez favorables au remboursement, puisqu’il ne s’agit que d’un transfert de budget d’une technologie à une autre », analyse Éric Renard, coordinateur du service de diabétologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier.
Qui dit mieux ?
L’appareil a-t-il des défauts ? Certains patients semblent avoir détecter des problèmes de calibrage les premiers jours de pose du capteur et les exemplaires délivrés aux « bêta-testeurs » fin 2014 ont connu des problèmes techniques. On citera aussi des décollements de capteur. « Des problèmes triviaux », balaie Gérard Reach. Pour Éric Renard, « quand la glycémie varie vite, le système est en retard parce que la mesure se fait dans le liquide intersititiel. Attention donc aux patients qui ont des variations importantes ». Prise de court, la concurrence se rabattra peut-être sur la prochaine étape : coupler ces capteurs de glycémie avec une pompe à insuline pour créer un pancréas artificiel. Parmi les fabricants interrogés présents sur le marché français, seul Roche déclare avoir dans les tuyaux un projet de cet acabit mais qui ne verra pas le jour « avant douze mois ».