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Philippe Besset

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© nicolas kovarik

Indépendance

Ce n’est pas la première et, à n’en pas douter, malheureusement pas la dernière fois que le modèle français de la pharmacie d’officine fait l’objet de tentatives de déstabilisation. Depuis le milieu des années 2000, nous avons essuyé des salves successives sous la forme de rapports (Beigbeder, Attali, Rochefort, Longuet, Ferrand…) et d’avis en provenance de Bercy, de la Cour des Comptes, des inspections générales des finances et des affaires sociales ou encore de l’Autorité de la concurrence. Dans tous les cas, le programme est invariablement le même : levée du monopole officinal sur les médicaments sans ordonnance et ouverture du capital des pharmacies à des non-­diplômés. À chaque fois, les arguments sont fallacieux : relance du pouvoir d’achat, libération de la croissance et alignement sur des politiques de dérégulation dictées par la Commission européenne. D’indignations en mobilisations, nous avons toujours réussi à repousser la menace et à conserver debout les trois piliers qui maintiennent en place la structure fondamentale de notre profession : le maillage officinal, le monopole pharmaceutique et l’indépendance financière. No pasarán !

« Comptez sur
la FSPF pour
ne pas céder un pouce
de terrain devant
des politiques
irresponsables. »

Alors que les syndicats, unis pour l’occasion, négocient pied à pied les conditions de la pérennité financière du réseau avec les représentants de l’Assurance maladie, le Premier ministre s’est prononcé en faveur de l’évolution de la réglementation de la vente en ligne de médicaments via un système de plateformes. Prenant cette parole comme un signal d’ouverture à la casse de notre système français de dispensation, le ministère de l’Économie et des Finances, via sa Direction générale des entreprises, serait en train d’étudier des voies de simplification – comprendre de dérégulation – concernant la vente de médicaments en dehors des officines ainsi que la libéralisation de leur ­capital. Bien que ce chemin ne semble pas être celui que souhaitent emprunter la présidence de la République et la représentation nationale, nous restons et resterons extrêmement vigilants. Comptez sur la FSPF pour ne pas céder un pouce de terrain devant des politiques irresponsables dont l’issue ne ferait que plonger dans le chaos un système des soins de proximité déjà sévèrement fragilisé. C’est d’ailleurs dans cette optique de résistance que les « Amphis de l’officine » du 25 mars prochain explorerons le thème de l’indépendance de l’officine à travers le prisme des coopératives. Plus que jamais, il est l’heure de réfléchir ensemble et de s’organiser en conséquence pour ne plus prêter le flanc à ceux qui rêvent de nous voir à genoux. 

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