L’adoption par le Parlement de la loi de santé qui introduit la dispensation protocolisée est une bonne nouvelle pour la profession. En revanche, le nouveau rapport « Charges et produits » publié par l’Assurance maladie jette un froid. Ce document, qui sert de base à l’élaboration du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), prévoit la réalisation de près de 900 millions d’euros d’économies supplémentaires sur les prescriptions de médicaments et de dispositifs médicaux, qui viendront s’ajouter aux baisses de prix sur les produits de santé envisagées par ailleurs. Mais surtout, en cas de changement de prix, il préconise de réduire de 20 jours les délais d’écoulement des médicaments aux anciens tarifs.
« La Rosp n’est
pas adaptée aux
nouvelles missions. »
Si cette mesure était appliquée, ce serait catastrophique pour le réseau qui traverse déjà une mauvaise passe économique et en particulier pour les petites officines de proximité. Les premiers « Amphis de l’officine » organisés par la FSPF à la Maison des pharmaciens le 18 juin dernier l’ont parfaitement montré. Ces pharmacies, si utiles aux patients, ne bénéficient généralement pas de l’arrivée en ville des médicaments chers et subissent de plein fouet les baisses de prix. Certes, comme l’explique dans notre interview le président du CEPS Maurice-Pierre Planel, le prix d’un médicament n’a pas vocation à rester figé dans le temps. Mais nous avons besoin de mesures permettant à toutes les officines de vivre et pas seulement de survivre. L’avenant n° 11 montre aujourd’hui ses limites : il n’est pas suffisamment protecteur vis-à-vis des réductions tarifaires qui ne cesseront pas de sitôt. Et les nouvelles missions ne permettent pas aujourd’hui de les compenser. Nous devons trouver de nouvelles solutions si nous ne voulons pas que les déserts pharmaceutiques se superposent aux déserts médicaux. Pour moi, le principe d’une rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) spécifique pour les officines qui rendent un service de proximité permettra de leur donner la bouffée d’oxygène dont elles ont besoin.
Toutefois, force est de constater que la Rosp n’est pas adaptée aux entretiens pharmaceutiques, aux bilans de médication, aux futurs accompagnements des patients sous chimiothérapie, à la dispensation protocolisée ou à la vaccination antigrippale. En réalisant ces missions, nous effectuons des actes ; elles doivent donc être rémunérées sous forme d’honoraires. Je l’ai dit à Agnès Buzyn lorsque je l’ai rencontrée au ministère de la Santé le 4 juillet dernier. La balle est maintenant dans son camp. Mais le temps presse. Sinon, la pharmacie de proximité ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir.