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On opère à cœur ouvert sous hypnose

Opérer sous hypnose ? C’est une pratique de plus en plus répandue dans les hôpitaux. Mais y a-t-il des limites à cette procédure ?

Par Hélène Bry

L’hypnose a désormais investi les blocs opératoires.© adobestock_mikabesfamilnay

L’affaire avait fait sensation fin septembre 2018 lorsque certains articles de presse annonçaient, quelque peu grisés, voire « hypnotisés », par la prouesse médicale, qu’un homme avait subi une opération à cœur ouvert sans aucune anesthésie, ni locale ni générale, au CHU de Lille, sous hypnose. Est-ce bien raisonnable ? Et que s’est-il réellement passé pour ce patient ?

Limiter les effets secondaires

L’homme de 88 ans a bien été opéré du cœur avec succès, sous hypnosédation et sans anesthésie générale. Mais il s’agissait d’une implantation de valve aortique par voie transcutanée, un acte chirurgical consistant à remplacer, en une heure environ, une valve cardiaque sans ouvrir le thorax et en passant par l’artère fémorale. Cette opération se déroule habituellement sous anesthésie locale plus sédation, l’anesthésie se pratiquant à l’endroit de l’ouverture cutanée pour passer la sonde, au niveau de l’aine. Lors de cette opération, l’hypnose n’a pas remplacé l’anesthésie, mais elle a permis de diminuer les quantités de produits injectés dans le but de limiter les effets secondaires et d’accroître le confort du patient.
L’hypnosédation est en effet utilisée dans un nombre croissant d’opérations dans les hôpitaux, mais reste limitée à des chirurgies proches de la surface de la peau, les interventions plus profondes nécessitant forcément une anesthésie générale. L’éventail des actes pouvant s’adjoindre le coup de pouce de l’hypnosédation est toutefois pléthorique, de l’extraction des dents de sagesse à certaines opérations du cancer du sein, en passant par l’ablation de la thyroïde ou la chirurgie éveillée du cerveau. Depuis les années 1970, cette technique, longtemps considérée comme à la frontière de la science et de l’occultisme, a fini par se frayer un chemin à l’hôpital. Elle requiert une forte motivation de l’opéré et une étroite collaboration chirurgien-anesthésiste-hypnothérapeute. Avant l’intervention, l’équipe doit bien cerner le patient, ce qu’il n’aime pas, ses phobies pour éviter d’activer ces zones et, à l’inverse, les endroits qui lui sont agréables et serviront de refuges pour l’hypnosédation. 

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