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Philippe Besset

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© ANH LENOIR

Prévenir plutôt que guérir

Depuis plusieurs semaines maintenant, la pharmacie d’officine doit faire face à un contexte économique particulièrement difficile. La faute à l’épidémie de Covid-19, mais pas seulement. Car les difficultés rencontrées par nos entreprises remontent à bien plus longtemps. Cela fait quinze ans que les officines font les frais de budgets de la Sécurité sociale toujours contraints se traduisant, malheureusement, par la fermeture d’environ 200 d’entre elles chaque année. Pourtant, la crise sanitaire l’a montré : sans les pharmacies, pas de distribution de masques aux soignants, pas de solution hydroalcoolique ni de continuité de traitements pour les patients. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Olivier Véran remercie d’ailleurs les pharmaciens pour leur mobilisation exceptionnelle. 
Désormais, le gouvernement doit retenir les leçons de cette crise et faire en sorte que le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) corresponde, a minima, à l’accroissement naturel des dépenses d’assurance maladie, qui sont de 4 % chaque année. Sans cela, aucun « Ségur de la santé » ne permettra à notre système de soins d’affronter les défis qui sont devant nous. Pas question que le financement s’effectue en faisant les poches des professionnels de santé en général et des pharmaciens en particulier, comme c’est le cas depuis trop longtemps. Nous avons besoin d’une nouvelle donne économique. Les avenants conventionnel n° 19 et 20, qui vont encore rogner la rémunération des pharmaciens, sont à mettre au panier. 
Plutôt que de se lancer dans la dispensation adaptée, il serait préférable de pérenniser les nouvelles missions développées pendant la crise et qui correspondent à de réels besoins en termes de santé, tels le pharmacien correspondant, le portage à domicile ou le télésoin. Le rôle du pharmacien dans la prévention et le dépistage doit également être renforcé. Le ministre de la Santé assure que la santé publique est avant tout une politique de proximité et que les pharmaciens doivent y être pleinement associés. Nous lui faisons confiance pour que le « Ségur de la santé » ne fasse finalement pas l’impasse sur ces sujets essentiels pour les patients. L’épidémie de Covid-19 nous a appris que préserver sa santé est la meilleure manière de soulager l’hôpital. L’éducation à la santé à tous les âges de la vie, l’enseignement des gestes barrières, le dépistage à large échelle des malades, sont des mesures essentielles pour combattre une épidémie mais aussi faire des économies. Le « Ségur de la santé » et le prochain PLFSS sont l’occasion de ne pas répéter les erreurs du passé. On ne le dira jamais assez : mieux vaut prévenir que guérir.

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