La nomination de Frédéric Valletoux au poste de ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention devrait clore une séquence de remaniement gouvernemental entamée avec la création d’un super portefeuille regroupant le travail, la santé et les affaires sociales confié à Catherine Vautrin. Du moins nous l’espérons, tant la valse des personnalités sur le fauteuil de l’avenue de Ségur, six depuis 2017, n’aide pas à la menée à terme des chantiers, parfois majeurs, qu’ils ont chacun engagés. D’autant que la période est cruciale pour la pharmacie d’officine qui doit résoudre l’équation impossible d’une montée en charge de ses missions dans un contexte de baisse de ses moyens, tant financiers qu’humains.
Instituer la pharmacie comme porte d’entrée dans le parcours de soins et lui confier un rôle majeur pour mettre en œuvre les politiques de prévention semble aujourd’hui la solution la plus propice pour à la fois décongestionner l’hôpital et pallier les déserts médicaux en expansion sur le territoire. Tout le monde en convient. La capacité des officines à répondre à des problématiques complexes et urgentes, matérialisées par les différents épisodes pandémiques ou la séquence interminable des pénuries et ruptures, n’est également plus à démontrer.
« Le maillage
pharmaceutique
français est
un bien commun
qu’il faut à tout
prix préserver. »
Le maillage pharmaceutique français est, à n’en pas douter, un élément majeur de sécurité sanitaire pour nos concitoyens, un bien commun qu’il faut à tout prix préserver en mettant les moyens suffisants à son maintien. Cette évidence ne semble pourtant pas être totalement intégrée par nos décideurs : s’ils consentent à confier aux pharmaciens le rôle de pompier lorsque l’édifice de la santé publique est en flammes, leur propension à donner au réseau les moyens suffisants à sa pérennisation n’est pas aussi empressée. Le déroulement actuel des négociations avec l’Assurance maladie sur le volet économique de la convention signée en mars 2022 en est la preuve.
Réunion après réunion, nous ne constatons aucune avancée notable quant à nos revendications qui sont pourtant indispensables à la survie de très nombreuses officines sur le territoire, celles-là même qui ne trouvent pas de repreneur, même à l’euro symbolique. Nous ne le répéterons jamais assez : la revalorisation de notre cœur de métier par l’augmentation des honoraires de dispensation, tout comme celle des nouvelles missions telles que la vaccination est impérative. Puisque l’heure est au « réarmement » de nombreux pans de notre économie nationale, le gouvernement serait bien inspiré de ne pas écarter le réseau officinal de cette dynamique.