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Philippe Gaertner

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© Miguel Medina

Reculer serait périr

Quelques semaines avant que frappent les baisses de prix prévues dans la loi de financement de la sécurité sociale, les esprits s’échauffent. Il faudrait repousser, voire annuler la mise en place des honoraires pharmaceutiques, que la FSPF a entérinés en mai dernier. Au moment où nous avons fait le choix de mettre un pied hors des marges réglementées en en transformant une moitié en honoraires versés par l’Assurance maladie, revenir en arrière constituerait un reniement incroyable… et un non-sens économique. La peur est toujours aussi mauvaise conseillère, surtout en période de crise.

Les simulations que nous avons réalisées le prouvent : les pharmaciens profiteront des honoraires pharmaceutiques, à la fois professionnellement et économiquement. Si l’on peut concevoir que le changement effraie, vous devez aussi comprendre une chose : l’immobilisme tuera à coup sûr la profession. En faisant un pas résolu vers cette nouvelle forme de rémunération, nous avons prouvé au gouvernement que le modèle de l’économie traditionnelle n’était pas le nôtre. Notre spécificité a d’ailleurs été prise en compte puisque nous avons été « exfiltrés » de la loi Macron pour réintégrer la loi Santé, sous la houlette de Marisol Touraine, qui n’a cessé de défendre la place du médicament à l’officine. Je n’ai aucun doute sur le fait que nous pourrons travailler en bonne entente avec les services du ministère pour aider les pharmaciens, en simplifiant notamment les transferts d’officines ou en facilitant l’intégration des adjoints au capital. Dans le même temps, d’autres professions dites « réglementées », notamment du domaine juridique, ont été prises dans la tourmente médiatique et n’auront peut-être pas cette chance.

 

« La peur est toujours aussi mauvaise conseillère, surtout en période de crise. »

Pour le dire simplement et de manière non équivoque : oui, les pourcentages des marges que vont toucher les pharmaciens vont baisser, comme le montre l’arrêté paru en décembre, mais non, les pharmaciens ne pâtiront pas du changement de rémunération parce qu’ils toucheront le strict équivalent en honoraires pharmaceutiques, plus une revalorisation pérenne que nous avons négociée. On ne vit pas avec des pourcentages, n’en déplaise à ceux qui se contentent de vivre de calculs politiques. Résultat global : une préservation de notre rémunération et une chance unique de changer notre logiciel économique, dans un contexte de déflation continue des prix.

Il me faut toutefois convenir d’un point : ce ne sera pas suffisant. Seule une rémunération à l’ordonnance permettra de réellement nous arracher de ce trou noir économique, en nous détachant de notre dépendance au volume des médicaments délivrés qui perdure pour le moment. C’est la prochaine étape…

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