L’année commence à peine mais les pharmaciens, mobilisés comme jamais, sont déjà épuisés. Et pour beaucoup écoeurés. La possibilité offerte à la grande distribution de vendre des autotests jusqu’au 31 janvier est un coup de poignard dans le dos. Depuis des mois notre profession a toujours répondu présent pour fabriquer des solutions hydroalcooliques, délivrer les masques du stock État aux professionnels de santé et aux personnes fragiles et surtout dépister et vacciner, y compris le dimanche. Cette décision est purement et simplement incompréhensible et insensée car la délivrance de ces autotests ne peut se faire sans être accompagnée de recommandations sur la conduite à tenir en cas de résultat positif. À moins que nos autorités sanitaires pensent confier cette mission aux hôtesses de caisse, quand elles n’ont pas disparu… Dès l’annonce de cette mesure, la FSPF a immédiatement saisi le cabinet du ministre de la Santé pour exprimer son incompréhension et sa colère et rappelé qu’il y a quelques mois encore, Olivier Véran promettait, lors du Congrès des pharmaciens de Lyon, que la future convention actuellement en discussion serait « ambitieuse dans le sens du rôle pivot du pharmacien en santé publique ».
« La crise sanitaire
ne peut être
un prétexte pour faire
n’importe quoi. »
L’autorisation faite aux GMS de vendre des autotests est ubuesque et à des années-lumière des déclarations du ministre. Certes, grâce à notre mobilisation, nous avons obtenu que le gouvernement mette enfin en place une stratégie de dépistage et d’isolement cohérente incluant l’usage de ces autotests. Mais dès le 1er février, cette autorisation doit prendre fin une bonne fois pour toutes ! La crise sanitaire ne peut être un prétexte pour faire n’importe quoi surtout quand il s’agit de la santé de nos concitoyens. Déjà, une nouvelle menace d’ouverture du capital avait plané avec le projet de loi en faveur de l’activité professionnelle indépendante. Nous sommes heureusement parvenus à l’écarter. La campagne pour l’élection présidentielle qui démarre sera l’occasion de rappeler aux candidats que le monopole, la réserve du capital aux seuls pharmaciens et la loi de répartition démogéographique ne sont pas là pour faire plaisir aux officinaux mais pour garantir la sécurité des patients. Nous les interrogerons précisément sur leurs intentions concernant ces piliers du modèle officinal français qui s’est montré si précieux en temps de crise. Mais soyons clairs, nous n’attendons pas des réponses, mais des engagements.
Malgré cette période difficile, je vous souhaite à toutes et à tous une très bonne année 2022.