Serait-ce la solution miracle aux overdoses aux opiacés ? Certainement pas, mais c’est un bon début. La naloxone intranasale est en effet attendue avec impatience par les usagers et les professionnels de l’addiction. Ce dispositif a été développé par Indivior, une filiale du laboratoire Reckitt Benckiser. Il a même bénéficié d’une priority review – un examen accéléré – de la part de la Federal Drug Administration américaine.
Arrivée imminente ?
En France, les autorités sanitaires s’accordent sur son intérêt. À tel point que le professeur Daniel Lowenstein, qui préside le groupe de travail sur la réduction des risques en addiction au sein du ministère de la Santé, interrogé par l’Agence de presse médicale (APM) sur le sujet, prédit une mise à disposition « fin 2015 ou début 2016 » par le biais d’une autorisation temporaire d’utilisation. En France, la naloxone n’est actuellement utilisable qu’en intraveineuse, contrairement à ce qui se passe chez certains de nos voisins européens, comme la Norvège. Dans ce pays, en juin 2014, un programme de mise à disposition de naloxone intranasale à partir d’une seringue préremplie et d’un dispositif médical (voir photo ci-dessus) a en effet été lancé au prix de 20 euros, avec un certain succès. Il reste encore quelques écueils légaux à franchir dans l’Hexagone, à commencer par son mode de distribution. Dans un compte rendu de février dernier, la commission des stupéfiants et psychotropes de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) estimait que, dans le cas des expériences étrangères, la réussite de ce genre de dispositif était liée à plusieurs facteurs : « un soutien gouvernemental, une distribution dans des centres de réduction des risques, de brèves sessions de formation », mais aussi « l’absence de prescription individuelle ». Si l’un des experts de cette même commission proposait carrément d’exonérer la naloxone – et donc de la rendre disponible sans ordonnance en officine et dans des centres de soins spécialisés –, il semble que cela ne soit pas pour l’instant la solution retenue par les autorités sanitaires, qui n’ont pas encore pris de décision définitive. La réponse de la direction générale de la santé se fait en effet attendre.