Dans l’économie de la santé, les secteurs de croissance sont rares. Alors, quand l’officine en tient un à sa portée, il serait idiot de s’en détourner sans raison. Je veux parler ici du marché très large du maintien à domicile (MAD) et de tous ses domaines, comme la perfusion à domicile pour laquelle une nouvelle nomenclature est parue le 1er mai dernier.
Entendons-nous bien : le MAD est un sujet technique, parfois complexe, qui n’a rien d’évident pour ceux qui ne s’y intéressent que de loin, et il vous faudra bousculer vos habitudes pour ne pas y perdre pied.
« Il ne s’agit pas
de déshabiller
l’hôpital public pour
rhabiller l’officine. »
Mais le jeu en vaut la chandelle : en se positionnant encore plus énergiquement sur ce marché, l’officine se rendra incontournable dans le grand chambardement en cours de la prise en charge des patients que le ministère a cru bon d’appeler le « virage ambulatoire ». En effet, pour une fraction du coût à l’hôpital, les patients peuvent être de plus en plus – et de mieux en mieux – pris en charge en ville par des professionnels libéraux. Une tendance de fond évidemment soutenue par les pouvoirs publics, qui y voient un intérêt économique et une possibilité de désengorger les établissements hospitaliers. Toutefois, ceux qui connaissent ce marché le savent : le conquérir ou s’y maintenir n’est pas une sinécure, tant la concurrence est rude entre prestataires de services.
De plus, je le dis clairement, tout transfert de charges doit s’accompagner d’une enveloppe budgétaire adaptée, faute de quoi le grand bond du maintien à domicile se transformera en un flop retentissant. Les économies ne peuvent être l’unique raison d’être de ce virage ambulatoire. Prendre en charge, oui, mais certainement pas au rabais. En d’autres termes, il ne s’agit pas de déshabiller l’hôpital public pour rhabiller un tant soit peu l’officine. Les pouvoirs publics doivent répondre pour cela à la grande demande des entreprises : de la lisibilité, encore et toujours.
En laissant pendante la menace de baisses de tarifs, le Comité économique des produits de santé ne fait pas œuvre utile. Pour investir, un chef d’entreprise a besoin d’être rassuré à moyen et long terme sur la pérennité de ses engagements. Or les pharmaciens sont, à ce titre-là et à bien d’autres, des chefs d’entreprise comme les autres.